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Marchés obligataires: pourquoi les rendements ont-ils autant augmenté?

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Ce mercredi 4 octobre, le rendement obligataire de la dette allemande à 10 ans, la référence en Europe, a dépassé temporairement le seuil symbolique des 3%. Le taux de la dette française à 10 ans a, lui, frôlé les 3,6%. Ce sont des niveaux qui n’avaient plus été atteints depuis 2011 en pleine crise des dettes souveraines. 

Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne (photo d'illustration).
Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne (photo d'illustration). © AP/Michael Probst
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L'explication est à chercher en premier lieu du côté des États-Unis. Si cela monte en Europe, c'est avant tout parce que le taux de rendement des emprunts d'État américains à 10 ans était orienté à la hausse depuis une quinzaine de jours, avant de légèrement refluer dans la journée d'hier mercredi. Il a atteint des taux qui n'avaient plus été vus depuis la crise financière : 4,88% mercredi matin, cela n'était pas arrivé depuis plus de 16 ans. Or, ce taux « sert de baromètre aux marchés », explique Christopher Dembik, conseiller senior en stratégie d’investissement chez Pictet AM, car le poids de l'économie américaine est toujours très important, environ un quart du PIB mondial.

C'est en partie la Fed qui a donné l'impulsion à cette ascension sur les marchés obligataires.

La Banque centrale américaine a laissé entendre le 20 septembre dernier que ses taux directeurs resteraient élevés plus longtemps que les investisseurs ne l'avaient anticipé. Loretta Mester, présidente de l’antenne de Cleveland a même averti, depuis, que la Réserve fédérale pourrait avoir à procéder à une dernière hausse d'ici à la fin de l'année.

Cette alerte a été confortée par certains indicateurs économiques. Cela peut paraître contre-intuitif mais la bonne résilience de l'économie américaine, avec une activité manufacturière qui dépasse les attentes en septembre, et la solidité du marché de l'emploi américain inquiètent les marchés. Un chômage bas, c'est susceptible de favoriser l'inflation et, in fine, de pousser la Fed à maintenir des taux d'intérêts élevés, surtout si par ailleurs l'économie ne montre pas des signes de faiblesses.

Le prix du pétrole à prendre en compte

Il a certes fini en baisse de 5% ce mercredi soir, mais le prix du baril avait largement augmenté ces trois derniers mois, là encore cela a tendance à accroître l'inflation.

Cela étant dit, les taux d’emprunts pour les États « étaient anormalement bas depuis 2008 », analyse Christopher Dembik. Ce n’était donc « pas voué à durer éternellement ».

Quelles conséquences peuvent avoir ces hausses ?

Cela a malmené les Bourses mondiales. Avec l'augmentation des taux de rendement, les obligations rapportent plus qu'avant aux investisseurs. Par ailleurs, plus les taux obligataires augmentent rapidement, « plus il y a la crainte que l’économie va mal se comporter, c’est donc moins positif pour les marchés d’actions », souligne Christopher Dembik. Le taux obligataire américain ayant finalement légèrement reflué ce mercredi, le marché des actions a repris des couleurs à Wall Street et dans la foulée à Tokyo. Par ailleurs, la hausse des taux va alourdir le coût du refinancement pour les États et peser sur leur budget.

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