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Assemblées FMI, Banque mondiale à Marrakech: les institutions en route vers une réforme?

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Les assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale ouvrent ce 9 octobre à Marrakech, au Maroc. Elles font donc leur retour sur le continent africain pour la première fois en cinquante ans. Des réunions sous le signe du financement climatique et de la réforme de ces institutions de Bretton Woods, nées à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Banque mondiale entend d’ailleurs faire évoluer sa mission.

Premier jour de la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, suite au tremblement de terre meurtrier du mois dernier, à Marrakech, au Maroc, le 9 octobre 2023.
Premier jour de la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, suite au tremblement de terre meurtrier du mois dernier, à Marrakech, au Maroc, le 9 octobre 2023. REUTERS - SUSANA VERA
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Le projet est sur la table depuis un an environ. Ajay Banga, qui a pris les rênes de l’institution en juin dernier, semble partager le constat d’un besoin de renouveau. Tout en défendant ses équipes, il estime que « quelque chose de dysfonctionnel » les empêche d’être suffisamment efficaces.

Et c'est donc, en premier lieu, son mandat que la Banque, née en 1945, fait évoluer pour être davantage en phase avec les nouveaux impératifs.

Là où la Banque mondiale visait à « réduire la pauvreté » et permettre une « prospérité partagée ». Sa mission – nouvelle formule – devrait être « l’élimination de la pauvreté sur une planète vivable ». En clair, les objectifs climatiques doivent être pris en compte.

L'approche environnementale de la Banque mondiale pourrait être centrée dans un premier temps sur une dizaine de pays « pour lesquels la croissance des émissions pourrait être tellement importante que, si l'on ne les aide pas à basculer vers le renouvelable, tout l'effort réalisé dans les pays développés aura été inutile », estime le président de la Banque mondiale.

Pour accomplir leurs missions, la Banque Mondiale et le FMI ont besoin d’argent

Rebeca Grynspan, la secrétaire générale de la Cnuced, l'a récemment pointé du doigt : « le système est trop petit par rapport à l'ampleur du défi », soulignant que la Banque mondiale a grandi bien moins vite que l'économie mondiale.

Au printemps, la Banque mondiale avait annoncé la modification de règles comptables pour pouvoir prêter 50 milliards de dollars supplémentaires sur 10 ans.

Ce changement devrait être confirmé. Ajay Banga souhaite aller plus loin et dégager 100 milliards supplémentaires sur 10 ans. Pour cela, il mise en partie sur une augmentation de la contribution de certaines économies avancées. Le Japon, l'Allemagne, ou encore les États-Unis y seraient prêts.

Le dossier de l’augmentation des ressources est aussi au menu côté FMI

La question, c’est la méthode. La répartition des quotes-parts devrait être soulevée. Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor, fera pression pour que ses membres contribuent à l’augmentation des ressources du FMI mais sans modifier la base actionnariale de l’institution. Les pays membres sont, en effet, actionnaires du Fonds et en tant que tels bénéficient de droits de vote correspondant à leur quote-part. Une réévaluation de la structure pourrait donner plus de poids aux grands pays émergents comme la Chine. Pékin détient 6% des droits de vote au FMI, une participation décorrélée du poids de son économie dans le monde.

Dans le même temps, les États-Unis ont tout intérêt à ce que le FMI et la Banque mondiale, basés à Washington, aient une capacité de prêt plus importante car pendant ce temps, la Chine, elle, prête directement aux émergents et étend, grâce à ça, son influence.

Malgré tout, un pas pourrait être fait vers un rééquilibrage

Un troisième siège réservé aux pays africains devrait être créé aux conseils d’administration des deux institutions. Il semble quasi acquis à la Banque mondiale. Le FMI semble prêt à suivre la voie. Des discussions sont en cours.

Par ailleurs, les États-Unis suggèrent de créer un cinquième poste de directeur général adjoint du FMI, un poste pour renforcer le poids des pays émergents ou à faible revenu. 

En attendant, les institutions de Washington appellent à ne pas compter uniquement sur les financements publics

Tant Ajay Banga que Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, entendent demander au secteur privé de contribuer davantage, notamment pour permettre de réaliser les investissements nécessaires à l'objectif de neutralité carbone à horizon 2050. Selon les calculs du FMI, l'effort porté par le privé dans les économies émergentes et en développement doivent doubler.

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