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Les revenus record du canal de Panama menacés par le réchauffement climatique

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Au sud du Mexique, on inaugure ce vendredi un chemin de fer reliant la côte Pacifique à la côte Atlantique, censé faire concurrence au canal de Panama pour le transport de marchandises. Pourtant, cette année va être une année record pour cet axe majeur du commerce mondial. Et ce malgré la perturbation du trafic liée à la sécheresse. Un paradoxe qui mérite des explications.

Un navire passant à travers les écluses du canal de Panama.
Un navire passant à travers les écluses du canal de Panama. © commons.wikimedia.org
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Deux raisons à ce record, selon Yann Alix, délégué général de la Fondation Sefacil, spécialiste du transport maritime. La première, c'est que le passage des navires par trois écluses qui composent le canal a été optimisé. Il y a eu moins de pertes d'eau. Et puis, le coût du passage s'est littéralement envolé. Ce sont les navires les plus gros qui ont pu transiter, mais pour lesquels les compagnies maritimes ont payé plein pot. Résultat, 2 milliards et demi de dollars de contributions reversés au Trésor, le montant le plus haut que l'État panaméen ait reçu du canal.

Le réchauffement climatique provoque un assèchement du canal

Mais le réchauffement climatique et le phénomène El Niño affectent de plus en plus cette voie maritime qui relie l'océan Atlantique et Pacifique, et par laquelle transitent pas moins de 6% du commerce maritime mondial. Car à la différence des autres infrastructures de ce type, le canal de Panama est alimenté en eau douce. Problème : depuis vingt ans, le manque de pluies ne cesse de diminuer le niveau de l'eau dans les lacs qui approvisionnent les écluses. Face à la sécheresse, l’administration du canal envisage la construction d’un nouveau réservoir d’eau douce. Pas sûr que cette solution soit suffisante à long terme.

Un porte-conteneurs passe par le canal de Panama, en août 2023.
Un porte-conteneurs passe par le canal de Panama, en août 2023. © Agustin Herrera / AP

Des embouteillages monstres

 

Cette situation ne restera bien évidemment sans conséquence pour ce petit pays d'un peu plus de 4 millions d'habitants, ainsi que pour le trafic international. On l'a vu cet été, des centaines de bateaux de deux côtés du canal, des files d'attente de quatre jours contre un peu plus d'un jour auparavant. Les armateurs ont fait leurs calculs. De nombreux navires ont choisi de rallonger leurs routes, en passant par le canal de Suez ou le Cap Horn, à l'extrémité de l'Amérique du Sud. Ce qui a entraîné des délais supplémentaires et des surcoûts en salaires et en carburants.

Des pertes et des retards s’accumulent

Tout cela affecte les pays exportateurs du sud et les pays importateurs du Nord. La viande du Brésil, les vins et le cuivre du Chili, les bananes de l'Équateur ou encore le gaz naturel liquéfié des États-Unis... Des millions de tonnes de marchandises transitent par le canal de Panama. Si les navires prennent une autre voie, ce sont aussi les finances de l'État panaméen qui risquent de baisser drastiquement. Le canal contribue à hauteur de 6% au Produit intérieur brut du pays.

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