En France, Eramet se lance dans le recyclage de batteries
Publié le :
Toute cette semaine, Aujourd'hui l'économie met en avant cinq entreprises dont les initiatives contribuent à verdir leurs activités. Pour ce deuxième épisode, RFI a visité l'usine pilote de recyclage de batteries de voitures électriques du groupe Eramet, en région parisienne.

Depuis l’extérieur, l'usine ressemble simplement à un hangar d’une vingtaine de mètres de longs et de large. Les trois grandes machines qui y sont installées, à Trappes, ont commencé à fonctionner au début du mois de décembre 2023, pour des phases de test, avec l’ambition, à terme, de construire une usine aux capacités bien plus importantes à Dunkerque en 2027. L’usine-pilote est à l'échelle 1/1 000ème, mais dans le futur site industriel du nord de la France, l'objectif pour l'entreprise française Eramet est de recycler l'équivalent de 200 00 batteries de voitures électriques chaque année, avec son partenaire Suez, au plus proche des futures grandes usines de batteries en construction dans la région.
Comment les batteries seront-elles recyclées ?
Les batteries usagées arriveront dans l’usine de Suez pour être démantelées. Le cœur des batteries sera ensuite broyé, pour former une poudre noire, la black mass. Cette poudre sera dissoute par Eramet, avant de séparer les métaux des impuretés, afin de récupérer près de 90% du nickel, du lithium ou encore du cobalt, assure l’entreprise.
Au départ, les usines seront alimentées essentiellement par des rebuts venus des usines de batteries électriques. Par la suite, les batteries usagées prendront petit à petit de plus en plus de place dans le processus de recyclage. « On estime que le recyclage pourrait représenter environ 15% de la matière [première des batteries] en 2030, puis de 30 à 35% en 2040, explique Christel Bories, la PDG d’Eramet, car il faut du temps – environ 15 ans - pour que les batteries arrivent en fin de vie. » Ce n’est qu’après cela, et « s'il n'y a plus de croissance [de la demande de véhicules électriques], qu’une majorité de la matière primaire pourra venir du recyclage », poursuit-elle. Avec certaines réserves : « Il faudrait récupérer toutes les batteries. Aujourd’hui, ce n’est pas toujours le cas, souligne Christel Bories. Deuxièmement, même avec les très forts rendements que nous avons, nous ne récupérons que 90% du lithium », ce qui veut dire qu’il faudra encore extraire des métaux du sol pour fabriquer des batteries.
À la recherche d’un modèle économique
L'investissement doit être confirmé l’an prochain pour les deux usines. Le projet va bénéficier de 80 millions d'euros de subventions françaises et européennes. En effet, les ventes de nouvelles voitures à essence ou diesel seront interdites dans l'Union Européenne à partir de 2035. De plus, pour construire les batteries électriques et assurer la transition énergétique, la demande en métaux « critiques » (indispensables à la fabrication des batteries ou encore des éoliennes et panneaux solaires) devrait rapidement dépasser l’offre. D’après l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), pour le lithium par exemple, les mines existantes et les projets déjà annoncés ne suffiraient pas à répondre aux besoins estimés d'ici à 2030.
« Il n’y aura pas de transition écologique si on laisse tous ces métaux non recyclés », martèle Christel Bories, la PDG du groupe français Eramet, venue inaugurer l’usine pilote de Trappes mi-novembre. « Le monde – et en particulier l’Europe, pour sa souveraineté – a besoin de recycler », conclut-elle.
Après 2030, l'Union Européenne s'est donnée pour objectif de récupérer 80% du lithium présent dans les batteries usagées collectées dans les pays membres.
Pour l'instant Suez et Eramet n'ont pas encore signé officiellement de contrats avec des fournisseurs. Plusieurs interrogations demeurent : en aval de l’usine, le prix des métaux est coté sur les marchés internationaux. En revanche, en amont, « le point important sera de savoir à quel prix les constructeurs automobiles nous vendront les batteries » usagées, reconnaît Sabrina Soussan, la PDG de Suez. « Le modèle économique reste à créer mais nous sommes convaincus qu’il y en aura un : c’est pourquoi nous avons décidé d’investir », insiste-t-elle. « Nous aurons un vrai problème si [le recyclage des batteries n’est] pas rentable et si personne ne le fait [en particulier en France et en Europe] car ensuite nous n’aurons plus assez de ressources pour fabriquer des batteries », conclut Sabrina Soussan.
À lire aussiAu Togo, Spiro veut révolutionner la mobilité électrique
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne