Aujourd'hui l'économie

Les Brics + peuvent-ils bouleverser l’ordre mondial ?

Publié le :

En 2024, le club des BRICS double de volume « politique », passant de 5 à 10 membres. Avec cet élargissement, les grandes économies émergentes entendent peser davantage sur la scène internationale.

Les drapeaux nationaux du Brésil, de la Russie, de la Chine, de l'Afrique du Sud et de l'Inde, premiers membres des Brics+ (archive de 2017).
Les drapeaux nationaux du Brésil, de la Russie, de la Chine, de l'Afrique du Sud et de l'Inde, premiers membres des Brics+ (archive de 2017). AP - Wu Hong
Publicité

Il y a vingt ans, BRIC n’était qu’un acronyme inventé par un économiste de la banque américaine Goldman Sachs. Pour désigner les grandes économies prometteuses : le Brésil, la Russie, l’Inde, et la Chine. Dix ans plus tard, c’est devenu une organisation intergouvernementale, rapidement rejointe par l’Afrique du Sud. Avec le renfort depuis ce premier janvier de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Iran, l’Égypte et l’Éthiopie, tous invités lors du sommet d'août 2023, les BRICS apparaissent comme un nouveau pôle agrégeant les intérêts du grand Sud. Même si l'Argentine a fait marche arrière, après l’élection de l’ultra-libéral Javier Milei, d’autres pays se bousculent pour en faire partie. Comme le Pakistan, le Nigeria, l’Algérie, voire la Turquie.

Les BRICS font rêver, mais sur le plan économique, il y a encore peu de retombées concrètes pour ses membres

Effectivement, il y a de fortes disparités entre la Chine, le poids lourd du groupe, qui a connu une croissance ultra-rapide, comme l’Inde, et les quatre autres membres historiques qui eux connaissent des croissances beaucoup plus faibles. Et ils n’ont jamais eu l'intention d’harmoniser leurs économies. Le commerce entre ces pays est aussi limité. Leurs échanges sont encore très orientés vers les marchés occidentaux. Enfin, les Brics apparaissent très fragilisés par leurs différends historiques comme le conflit aux frontières entre la Chine et l'Inde. Malgré toutes ces divergences, ils ont une aspiration commune : s’affranchir du dollar, et dans la foulée de la domination du FMI et de la banque mondiale. C'est la grande affaire des BRICS, leur ambition et leur ciment. C’est d’ailleurs la priorité fixée par la Russie qui assure cette année la présidence des BRICS. La Russie sous le régime des sanctions est sans doute le pays plus pressé d’avancer sur le sujet.

Les BRICS ont-ils les moyens de leurs ambitions ?

Ils ne pèsent qu’un tiers du PIB mondial. Le G7 c’est plus de la moitié. Avec un tel rapport de force, pas évident de renverser l'ordre financier mondial qui prévaut depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais l’arrivée des nouveaux membres change en partie la donne. Les BRICS « augmentés » sont d’abord une puissance démographique, regroupant près de la moitié de la population mondiale. C’est une force face à la démographie déclinante des Occidentaux. Deuxièmement, avec l’arrivée du ténor de l’Opep, le royaume saoudien, des Émirats et de l’Iran, l’organisation devient de fait une nouvelle puissance énergétique, représentant 44 % de l’offre mondiale de pétrole. Un levier capital en cas de crise. Et c’est dans le commerce de l’or noir que la substitution au dollar a commencé. Pour leurs exportations d’hydrocarbure, les Émirats et l’Arabie saoudite acceptent dorénavant les règlements en roupie indienne ou en yuan chinois.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes