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Économie circulaire [4/4]: la méthanisation agricole, pour une énergie 100% renouvelable

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L'économie circulaire, c'est l'idée de réduire les déchets et la consommation d'énergie, réutiliser les matières premières autant que possible, et recycler. L'objectif est d'éviter l'épuisement des ressources. Grâce à la méthanisation, un procédé qui permet de créer du gaz à partir de déchets organiques, de nombreux agriculteurs se sont lancé dans l'aventure. 

Grâce à la méthanisation, un procédé qui permet de créer du gaz à partir de déchets organiques, de nombreux agriculteurs se sont lancé dans l'aventure. (Photo d'illustration)
Grâce à la méthanisation, un procédé qui permet de créer du gaz à partir de déchets organiques, de nombreux agriculteurs se sont lancé dans l'aventure. (Photo d'illustration) Getty Images - Jan-Otto
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À Ussy-sur-Marne, les champs de betteraves et de céréales de Jean-François Delaître s'étendent sur 235 hectares. À quelque pas de la ferme, il est difficile de passer à côté des quatre méthaniseurs : « certains disent que cela ressemble à des yourtes ou des tentes, voir des pyramides », dit l'agriculteur.

Il s'est lancé dans l'aventure en 2014, avec un voisin, et développe depuis cette installation de méthanisation agricole baptisée O'Terres énergie. Elle permet de produire du biogaz à partir des déchets de son exploitation — poussières de céréales, pousses de betteraves — et de cultures intermédiaires à vocation énergétique (avoine, tournesol…). L'énergie libérée est filtrée sur place par un épurateur, puis injectée dans le réseau GRDF.

Jean-François Delaître, qui est par ailleurs président de l’AAMF, l’Association des agriculteurs méthanisateurs de France, a aujourd'hui plusieurs casquettes, agriculteur et énergéticien, deux métiers bien différents.

Gagner en autonomie

Les cuves doivent être alimentées en continu : « c'est tous les jours, 7 jours sur 7, car la réalité du travail des bactéries est permanente » explique-t-il. Sous l'action de ces bactéries, la décomposition de la matière organique génère le biogaz et laisse une sorte de compost, le digestat qui servira dans les champs, comme un engrais.

« D'un côté, il y a le biogaz que je valorise en biométhane, c'est-à-dire en gaz naturel, et de l'autre côté, il reste dans les cuves le résultat de cette opération : le digestat, un fertilisant organique pour nourrir mes sols ». Avant, il achetait de l'engrais chimique provenant de Belgique, ce qui lui paraissait aberrant. À présent, son digestat lui permet d'être autonome, même s'il doit être sûr de pouvoir en produire en continu. Il fait appel pour cela à de l'aide extérieure pour lui permettre de nourrir son méthaniseur.

Risques de pollution

La méthanisation, aussi vertueuse soit elle, pose aussi de nombreuses questions, notamment sur la conséquence de l'épandage du digestat sur l'air et les sols. « Si le digestat n'est pas enfoui rapidement, il y a un risque de pollution atmosphérique », selon Michel Dubromel de France Nature Environnement. « La nature même du digestat peut appauvrir les sols qui peuvent aussi être lessivés par une pluie abondante. L'engrais part alors dans les rivières et peut polluer les eaux souterraines ».

La région Normandie a, elle, décidé de durcir les contrôles suite au détournement de certaines surfaces agricoles, notamment de maïs, pour nourrir les méthaniseurs. La réglementation fixe une limite à 15% pour l'approvisionnement des méthaniseurs par des cultures alimentaires.

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