Aujourd'hui l'économie

La Hongrie se rêve en tête de pont du véhicule électrique chinois

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Le président Xi Jinping est attendu ce mercredi 8 mai au soir en Hongrie, la troisième étape de sa tournée européenne. Un pays où la Chine est bienvenue, notamment pour investir dans le véhicule électrique.

Chantier d’une usine de production de batteries pour véhicules électriques par la société chinoise CATL, à Debrecen en Hongrie, en mai 2023.
Chantier d’une usine de production de batteries pour véhicules électriques par la société chinoise CATL, à Debrecen en Hongrie, en mai 2023. © Denes Erdos/AP
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La Hongrie est aujourd’hui le troisième producteur mondial de batteries. Très loin derrière la Chine qui fabrique les trois quarts des batteries, mais tout près du numéro deux, les États-Unis qui fournissent 6% de la demande. Un numéro deux que Viktor Orban rêve de dépasser d'ici à 2030. Mégalomanie pour les uns, vrai plan de développement pour les autres, sa politique industrielle est constante.

Les grandes marques automobiles allemandes, coréennes, japonaises sont déjà installées en Hongrie, mais c’est la Chine qui fait la différence avec des investissements record dans le véhicule électrique. Le numéro un mondial des batteries, le chinois CATL a investi plus de sept milliards de dollars pour construire une giga factory. Le plus grand investissement étranger de tous les temps pour la Hongrie.

La ruée des acteurs chinois

Beaucoup d'autres acteurs chinois ont des projets en cours. Le constructeur BYD a une usine en chantier. Et on murmure qu’un nouveau méga-investissement pourrait être annoncé pendant la visite de Xi Jinping. Par Great Wall Motor, un autre poids lourd chinois du e-véhicule. Il aurait dans ses cartons un projet d’usine proche de la ville de Pecs où doit se rendre le dirigeant chinois.

Pour la Chine, de plus en plus snobée par les Vingt-Sept, l’accueil enthousiaste que lui réserve la Hongrie est une aubaine politique, mais aussi économique. Elle trouve sur place une main-d’œuvre bon marché et un gouvernement peu regardant sur les normes environnementales et très accommodant sur le plan fiscal avec les ristournes généreuses accordées aux investisseurs chinois. Ses constructeurs ont désormais une partie de leurs ateliers installés au cœur même de l’Union européenne, un marché vital pour leur industrie.

Pari gagnant pour la Hongrie ?

L’automobile représente environ 15% du PIB hongrois en intégrant les équipementiers. Développer cette industrie avec les capitaux chinois lui permet d’accélérer la cadence. Mais à quel prix pour l’environnement, s’interrogent les sceptiques. Des accidents parfois mortels sont déjà survenus à cause des déchets toxiques émis par ces nouvelles usines.

Dans le village où est installée la giga factory de CATL, la population s’inquiète aussi de la pollution et de la surconsommation d’eau de l’usine qui pourrait épuiser les faibles ressources aquifères de la région. D’après un sondage réalisé par un institut américain, 52% de la population hongroise se déclarait hostile à la présence chinoise en 2022, 15% de plus qu’il y a cinq ans. Mais il y a toujours une majorité de Hongrois qui accordent leur confiance à Viktor Orban, le meilleur allié européen de la Chine. La Hongrie de Viktor Orban se définit elle-même comme la tête de pont de la Chine en Europe. À des années-lumière de la confrontation et de l'autonomie stratégique de l'Europe prônée par la France où Xi Jinping a commencé sa tournée.

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