Rouge avec ses points noirs, le petit coléoptère est l’un des insectes les plus populaires. Grande amatrice de pucerons, la coccinelle est l’alliée des jardiniers.

Il a l’œil pour les repérer. Sur les feuilles du tilleul devant sa maison, dans les herbes folles de son jardin, les coccinelles pullulent. Et ça tombe plutôt bien, puisque Romain Nattier est entomologiste au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, spécialiste de la coccinelle. « Ah ! En voilà une ! », trouve-t-il au bout de quelques secondes. Une coccinelle à sept points, rouge avec trois points noirs de chaque côté de sa carapace, et un point noir au milieu. L’une des 6 000 espèces répertoriées dans le monde, l’une des plus répandues en France. Il y a d’ailleurs un truc infaillible pour trouver une coccinelle : repérer des pucerons, son repas préféré.
Des pucerons, des coccinelles, mais aussi des fourmis. C’est un drôle de jeu à trois auquel se livrent ces familles d’insectes. La coccinelle se nourrit des pucerons, et la fourmi, qui se régale du miellat (du sucre) produit par le puceron, va protéger ce dernier en chassant la coccinelle. « Les fourmis ont tendance à gêner la coccinelle, à la pousser, à l’attaquer, décrit Romain Nattier. Elles ne vont pas jusqu’à la tuer ou la manger, mais en tout cas elles la dérangent, et la coccinelle est obligée de partir ailleurs, de trouver un autre lieu où il y a des pucerons. »
L’invasion de la coccinelle asiatique
La coccinelle en est tellement gourmande qu’elle pond toujours ses larves à proximité des pucerons. Dès leur naissance, leur repas leur est ainsi servi sur une feuille. « Ah ! Voici une larve de coccinelle asiatique », sur une feuille de tilleul. La coccinelle asiatique est de plus en plus présente dans les jardins européens. Rouge, orange ou noire, c’est la même espèce, comme il y a des roux ou des bruns chez les humains.
Son développement a démarré dans les années 1980, quand elle a été introduite un peu partout sur la planète pour contrôler les populations de pucerons, parce qu’elle est capable d’en dévorer une grande quantité, eu égard à sa taille. « Elle était dans des laboratoires, des élevages ou des serres, raconte Romain Nattier. Malheureusement, elle s’est échappée, et s’est répandue un peu partout. »

Une étude en Grande-Bretagne a montré qu’elle était responsable du recul de plusieurs espèces indigènes de coccinelles. Une menace que le chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle relativise. « Oui, la coccinelle asiatique est invasive, puisqu’elle provient d’une autre ère géographique, et que dans les zones urbanisées où on la retrouve, elle a tendance à pousser les espèces indigènes hors de leur niche écologique. »
La coccinelle asiatique peut même parfois être cannibale, en mangeant des larves des autres espèces de coccinelles. « Mais en réalité, la situation est contrastée, poursuit Romain Nattier. Toutes les coccinelles ne sont pas impactées. Seulement celles qui partagent le même habitat, dans ces zones urbanisées, là où un certain déséquilibre écologique s’est déjà installé. »
« Un insecte iconique »
Mis à part les pucerons, tout le monde aime la coccinelle. Un insecte, dit-on, porte-bonheur. La légende remonte au Moyen-Âge en France. Un condamné à mort lui devrait sa survie. Une coccinelle se posait sans arrêt sur sa nuque au moment où le bourreau allait lui trancher le cou. Un signe de Dieu, aux yeux du roi, qui gracia le condamné, un peu plus tard innocenté. La coccinelle y gagna son surnom de « bête à bon Dieu ». Et grâce à son régime alimentaire le plus souvent à base de pucerons, elle est devenue l’alliée des jardiniers. La Ville de Paris, avant d’interdire dans la commune la totalité des pesticides, avait ainsi distribué des larves de coccinelles aux particuliers.
Même si Romain Nattier nuance l’efficacité écologique des coccinelles contre les pucerons, « au moins ça permet aux gens de se reconnecter avec la nature. » L’alliée des jardins est donc populaire, en raison « de ses couleurs chatoyantes, parce qu’elle est facilement reconnaissable, pas trop rapide, elle ne pique pas, elle a un petit côté iconique dans la nature ! » La Beetle (scarabée) de Volkswagen, l’une des voitures les plus vendues dans le monde au début des années 1970, avait été baptisée Coccinelle en France. Et Walt Disney en avait fait le personnage principal d’un film intitulé Un amour de Coccinelle. On ne saurait mieux dire.
« Le Capitaine Haddock m’a traité de cloporte. C’est pas très sympa, non ? »
Ah ça, Le cloporte, ce n’est pas la coccinelle. Pas très beau, tout gris, avec ses 14 pattes sous sa carapace. Le seul crustacé vivant sur Terre est amateur de détritus, feuilles mortes, bois morts et c’est là qu’il devient intéressant, comme la coccinelle, eh oui. Le cloporte fait le ménage, et après fait caca, pour fertiliser le sol. Alors on ne touche pas au cloporte !
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