La Coupe du monde de football commence ce dimanche au Qatar, avec ses stades climatisés et ses pelouses bien vertes. Mais du gazon dans le désert, est-ce bien raisonnable ?

La Cop27 s’achève, et commence l’événement le plus gros émetteur de CO2 de l’année : le Mondial de foot au Qatar, un Mondial en plein désert. Les stades sont climatisés, et les pelouses aussi. On injecte de l’air frais directement sur le gazon, qui n’est vraiment pas adapté au climat du Qatar. « Un gazon, s’il pousse bien, c’est qu’il a de l’eau, explique le botaniste Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris. Ensuite, s’il est bien vert, c’est qu’il y a beaucoup d’azote, beaucoup de phosphates, c’est-à-dire que le sol est riche ». Or, le Qatar n’a ni l’un, ni l’autre. Ni eau, ni terre fertile.
Les stades sont arrosés avec de l’eau de mer dessalée produite par des usines énergivores. Inutile de préciser que le Qatar a dû aussi importer son gazon : des dizaines de tonnes de semences sont venues des États-Unis par avion. « Ce n’est peut-être pas la meilleure chose à faire pousser à cet endroit-là, conclut Marc-André Selosse. On a quand même l’impression que c’est du forçage écologique. Ça marche, ça peut tenir, mais ça a un coût carbone énorme. »
Une plante adaptée au broutage
Le gazon redoute la sécheresse. Sans eau, il grille au soleil. Il passe du vert au jaune paille. En Californie, désormais, pour faire joli, les gazons brûlés sont recouverts de peinture verte – mais ce n’est pas prévu par le règlement de la Fifa, la Fédération internationale de football.
Dès les premières pluies, en revanche, le gazon reverdit. C’est une herbe finalement résistante, une graminée, qui n’a presque rien à craindre des crampons des footballeurs. « Les graminées ont souvent la caractéristique d’avoir un rhizome, c’est-à-dire une tige rampante et souterraine, précise Marc-André Selosse. On peut donc leur couper la tête sans qu’elles en meurent : elles repoussent à partir de cette tige allongée et souterraine. Est-ce que le gazon aime qu’on lui fasse mal ? En fait, les graminées font partie des plantes qui se sont adaptées au broutage des animaux. Cette tige souterraine et rampante, c’est justement une adaptation au fait que les animaux les broutent. En faisant du gazon, et en le tondant, on utilise une adaptation au broutage par les grands animaux, mammifères, gazelles, les ancêtres des vaches… »
Le foot est une vache à lait. Notre gazon brûle, et nous regardons ailleurs.
LA QUESTION DE LA SEMAINE
« Pourrait-on jouer au foot dans un champ de blé ? »
Certes, le blé, comme le gazon, fait partie des graminées. C’est la cinquième famille de plantes à fleur, avec 12 000 espèces recensées. Les deux tiers des surfaces agricoles dans le monde sont occupés par des graminées : le blé donc, et toutes les céréales, le maïs, le mil, le riz… Il y a aussi la canne à sucre ou le bambou. C’est la famille de plantes qui pèse le plus dans l’économie et l’alimentation. Mais les rendements commencent à baisser, à cause du réchauffement climatique.
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