Il y a environ 2022 ans, Jésus naissait dans une étable de Palestine, entouré d'un âne et d'un bœuf. C'est dans ta nature fête Noël avec les ânes, compagnons ancestraux des humains depuis leur domestication en Afrique de l'Est 5 000 ans avant JC.

Hi-han ! L’âne brait, et c’est un cri familier à l’espèce humaine bien avant la naissance de Jésus : depuis 7 000 ans, depuis que ce cousin du cheval a été domestiqué dans la Corne de l’Afrique, comme vient de le montrer, grâce à la génétique, une étude du Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse, dirigée par Ludovic Orlando.
La domestication de l’âne, 5 000 ans avant la naissance de Jésus-Christ, coïncide avec le moment où le Sahara commence à devenir un désert. Deux événements possiblement liés. « Peut-être que face à ce changement climatique-là qui a créé de grandes étendues désertiques, les hommes et les femmes qui y vivaient ont pris relai sur l’âne pour se déplacer et déplacer leur équipement », suppose Ludovic Orlando, « archéologue moléculaire »et directeur de recherche au CNRS.
Adapté aux climats arides
L’âne est un animal résistant, endurant, solide sur ses sabots, moins fragile et moins exigeant que le cheval. Equus asinus ne craint (pas trop) la chaleur - on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. « La physiologie de l’âne en fait une bête particulièrement bien taillée pour des climats chauds et arides », précise Ludovic Orlando. « Un âne a besoin de beaucoup moins d’eau que les 20 litres d’eau que boivent par exemple les chevaux chaque jour. Il se réchauffe naturellement moins vite, offre une plus grande résistance à la chaleur. »
Avec toutes ces qualités, l’âne domestique, ou l’âne commun, a ensuite conquis la planète au rythme des migrations humaines, qu’il a facilitées. Il n’y a, pour ainsi dire, qu’une seule lignée d’ânes domestiques dans le monde. Tous les ânes aujourd’hui « descendent d’une manière ou d’une autre de l’âne sauvage africain », souligne Ludovic Orlando, puisque l’âne a été « domestiqué une fois ». L’étude qu’il a dirigée « clôt des décennies de querelles scientifiques ». Mais aujourd’hui, les populations d’ânes sont en baisse dans de nombreux pays d’Afrique, en raison des vols et des trafics. L’âne est menacé par la médecine chinoise qui utilise l’ejiao, la gélatine de peau d’âne.
Tête de mule
Le cheval, lui, a été domestiqué bien plus tard, 3 000 ans après l’âne, dans les steppes du Caucase devenues alors quasi désertiques. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. « La domestication du cheval était une réponse des hommes et des femmes qui vivaient à cette époque dans cet endroit-là du monde pour accroître leur mobilité », poursuit Ludovic Orlando. « Et donc on voit bien comment la motivation de la domestication du cheval a été celle d’une autre aridification, sous des latitudes très différentes. »
Mais l’âne a moins bonne réputation que le cheval, « animal noble par excellence, au sens littéral : l’animal préféré de la noblesse », souligne Ludovic Orlando. Malgré un certain prestige biblique (un âne s’est penché sur le berceau de Jésus dans une étable de Bethléem en Palestine, et c’est sur un âne que le Christ fait son entrée triomphale dans Jérusalem), les expressions sont nombreuses dans la langue française pour dénigrer ce fidèle compagnon de l’espèce humaine depuis des millénaires : « bourricot », « bourrique », « têtu comme un âne », « bête comme un âne »... On a pourtant tort. L’âne bâté n’est pas bêta. « Il s’agit d’un animal fabuleux, très fin, qui peut résoudre des problèmes de logique », assure Ludovic Orlando. « Donc, je pense que dire « bête comme un âne » c’est surtout refléter l’étendue de notre propre bêtise. Si bien que souvent, cette « tête de mule » s’entête, faute d’avoir un interlocuteur qui est capable d’entrer dans sa propre logique. »On est tous l’âne d’un autre.
« Et le bœuf, on s’en fiche ? »
Présent aux côtés de l’âne pour la naissance de Jésus, le bœuf est aujourd’hui le meilleur ami de l’homme et de son barbecue…
Mais c’est d’abord pour sa force qu’il a été domestiqué, comme l’âne, et à peu près au même moment, en Mésopotamie.
Le bœuf est un taureau castré, pour qu’il soit moins agressif, et pour éviter qu’il ne féconde toutes les vaches du cheptel à la place du taureau reproducteur sélectionné par l’éleveur.
Mais quand vous mangez du bœuf, en France, il y a 95% de chances pour que ça n’en soit pas. Ce qu’on appelle la viande de bœuf est le plus souvent de la vache.
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