Biodiversité: les bonnes et mauvaises nouvelles de 2022
Publié le :
Rétrospective de l'année écoulée pour les plantes et les animaux : le bilan reste globalement négatif, malgré quelques surprises.
« L'humanité est devenue une arme d'extinction massive. » Les mots du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ont résonné à l'ouverture du sommet mondial de la biodiversité, le mois dernier à Montréal. Une espèce sur 8 dans le monde est menacée de disparition, et même un quart de la faune et de la flore d'ici la fin du siècle. Ce sont les résultats d'une étude publiée en 2022, qui explore pour la première fois le concept de « co-extinction » : la disparition d'une espèce entraîne celle de son prédateur.
On s'attend par exemple à l'extinction, cette année, d'un cétacé : la vaquita, le marsouin de Californie. Un autre mammifère marin, le dugong, et un papillon, le monarque migrateur, capable de parcourir des milliers de kilomètres pour se reproduire, ont fait l'an passé leur entrée fracassante dans la Liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Alors, à la COP15 de Montréal, on s'est fait une promesse : protéger 30% de la planète.
L'Amazonie déforestée
Les promesses n'engagent que ceux qui les croient, et vous vous demandez peut-être s'il n'y a quand même pas de vraies bonnes nouvelles. En 2022, on a découvert 146 nouvelles espèces. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, un oiseau, le pigeon-faisan, a fait sa réapparition, photographié par des chercheurs alors qu'on le croyait disparu depuis presque 150 ans. Ça va mieux aussi pour les tigres, 40% plus nombreux dans le monde qu’on ne le pensait. Au Népal, leur population a presque triplé en douze ans.
Mais il reste encore quelques mauvaises nouvelles... L'Amazonie a perdu, durant la dernière année de la présidence Bolsonaro, 10 000 kilomètres carrés de végétation, l'équivalent du Liban et record absolu de déforestation pour l'un des « poumons » de la planète. Dans l'est de la RDC, les 234 gorilles du Virunga sont sans protection depuis que les rebelles du M23 occupent le plus vieux parc naturel africain. La grippe aviaire a fait son retour : près de 3,5 millions d'oiseaux d'élevage ont été abattus en France les six derniers mois de l'année. À l'échelle européenne, depuis 2021, on a dû tuer 50 millions de poules ou de canards.
Des fourmis contre le cancer
Alors que près de la moitié du PIB mondial dépend peu ou prou de la nature, 10% des insectes devraient disparaître, dont beaucoup de pollinisateurs. 2022 a d'ailleurs marqué la fin d'un dogme. On croyait que la pollinisation avait commencé avec les plantes à fleur ; on a découvert qu'un petit crustacé, l'idotée, surnommé « l'abeille des mers », permettait la reproduction des algues rouges marines, apparues plus de 600 millions d'années avant les angiospermes.
L'humanité éteint la nature, mais la nature n'est pas trop rancunière. Le mucus de la vache (ses glaires), transformé en gel lubrifiant, forme une barrière efficace à 70% contre le virus du sida. On a entrainé des fourmis à détecter des cancers. Et elles apprennent vite – en une heure – alors qu'il faut plusieurs mois de dressage pour un chien. On a aussi appris que les chats pouvaient comprendre entre 20 et 40 mots, comme un enfant de 18 mois. La lutte contre la maltraitance animale progresse en France, avec la création, à Toulouse, du premier pôle judiciaire sur les violences faites aux animaux. Enfin, en 2022, une tortue a fêté son 190e anniversaire, sur l’île de Sainte-Hélène dans l'Atlantique. Jonathan, le nom qu'on lui a donné, est le doyen des animaux terrestres.
Bonne année à lui, et à vous !
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne