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Ruses de plantes : tromper pour (mieux) se reproduire

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La plupart des angiospermes, les plantes à fleurs, ont besoin d’un allié pour produire leurs graines : insectes, araignées ou oiseaux pollinisateurs. Certaines plantes ont développé des stratégies pour leurrer des animaux.

L’Ophrys apifera a la particularité de présenter un trompe-l’œil en forme d’abeille.
L’Ophrys apifera a la particularité de présenter un trompe-l’œil en forme d’abeille. Getty Images - Francesco Ricciardi
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C’est une histoire d’amour entre un insecte et une fleur, et c’est un amour un peu particulier qui lie une abeille et une orchidée. L’Ophrys apifera, l’Ophrys abeille, reproduit l’odeur d’une abeille pour se reproduire : elle émet un parfum semblable aux phéromones sexuelles de la femelle pour attirer le mâle. La fleur pousse le vice jusqu’à prendre l’apparence de l’abeille : même couleur, même pilosité. Résultat : le mâle vient se poser sur l’orchidée, croyant copuler avec une femelle. Le leurre fonctionne à merveille, et le va-et-vient de l’abeille sur la fleur permet au pollen de s’accrocher à son corps. Une pseudo-copulation que l’abeille reproduit sur une autre fleur, désormais fécondée.

Pour accomplir son stratagème, l’orchidée met toutes les chances de son côté en fleurissant en même temps qu’émerge l’abeille mâle, et deux semaines avant l’abeille femelle – elle a donc le monopole du cœur. Mais ce bel équilibre semble aujourd’hui compromis par le réchauffement climatique, comme on l’a constaté chez une autre Ophrys, l’Ophrys araignée, qui, elle, prend l’apparence d’une araignée : la femelle-araignée, désormais, sort d’hibernation avant la floraison de l’orchidée ; la pollinisation est compromise parce que le mâle, évidemment, préfère l’original à la copie.

Pas de récompense

Les orchidées sont de sacrées rusées... Une autre espèce, dépourvue de nectar, de sucre, donc de récompense pour les pollinisateurs, produit des fleurs similaires aux autres plantes à fleurs qu’elle côtoie, et qui, elles, offrent du nectar. Le papillon passe d’une fleur à l’autre sans faire de distinction. Et notre orchidée, dans ces conditions, obtient de meilleurs taux de reproduction.

Parmi d’autres plantes stratèges, il y a l’arum, et sa fleur en forme d’anus, qui émet un parfum de viande avariée pour être pollinisé par des mouches coprophages - des mouches à merde. Mention spéciale aussi au marronnier : l’arbre produit des fleurs au cœur jaune qui devient rouge dès qu’elles ont été pollinisées. Le rouge est une couleur que les insectes ne voient pas (ils voient du gris) ; la fleur ne sera pas dérangée par des pollinisateurs devenus inutiles.

Le bousier se fait rouler

Mais la pollinisation ne suffit pas pour assurer la reproduction ; les graines, issues de la fécondation, doivent être semées. Et une plante d’Afrique australe, Ceratocaryum argenteum, a trouvé un allié bien involontaire : le bousier, ce petit scarabée qui roule sa boule, des crottes, dont il se nourrit et où il pond ses œufs. La graine de la plante imite à la perfection (forme et odeur) les crottes toutes rondes dont raffole le bousier, qui roule son trésor avant de l’enterrer. Et quand il reviendra pour s’en délecter, c’est une plante qui aura germé. Le bousier s’est fait rouler.

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