Chronique des médias

Macron et les médias américains

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Le «New York Times» a fait paraître dimanche 15 novembre un article consacré aux relations entre le président Emmanuel Macron et les médias américains. 

Le New York Times affirme que le président Emmanuel Macron a accusé le journal américain de «légitimer la violence» en France.
Le New York Times affirme que le président Emmanuel Macron a accusé le journal américain de «légitimer la violence» en France. © AFP - OLIVIER HOSLET
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Tout est parti d’un article intitulé Le président contre les médias américains, à la suite d’un coup de téléphone d’Emmanuel Macron. Le président s’est plaint au New York Times d’une presse anglo-saxonne qui préfère « dénoncer le système d’intégration français plutôt que ceux qui ont commis une série d’attaques meurtrières » après la décapitation de Samuel Paty.

Le quotidien affirme même qu’il est accusé par Macron de « légitimer la violence », ce qu’on aurait pu entendre, précise-t-il, dans la bouche d’un Trump. Alors, il ne faut pas minimiser l’importance politique de ce désaccord, avant l’arrivée de l’administration Biden auprès de laquelle le New York Times a beaucoup d’influence. Tout comme le Washington Post, qui vient de faire paraître lui aussi un article s’inquiétant de la restriction de la liberté de la presse en France, avec la loi sur la sécurité globale.

Au New York Times, il y a ce qui relève de la critique fondée et ce qui traduit une grande incompréhension

C’est vrai d’abord qu’il y a eu chez Macron des expressions malheureuses comme l’idée qu’il fallait bâtir un « Islam des lumières » comme si cette religion était par nature dans un certain obscurantisme. Vrai aussi que le projet de loi sur les séparatismes risque de stigmatiser une communauté, qu’on le veuille ou non, et qu’il faut entendre le New York Times quand il se demande si toute l’action politique depuis l’attentat ne fait pas qu’exacerber les tensions. « La France alimente-t-elle le terrorisme en tentant de l’éradiquer ? », titre-t-il dans ses pages opinions.

Mais il semble aussi que l’amalgame fait par le Financial Times entre islamiste et islamique dans une citation de Macron, n’est pas qu’une simple erreur de traduction, qui a d’ailleurs valu au quotidien de retirer son texte.

Là où les autorités françaises ciblent un islamisme politique, radical, dans une logique de conquête d’influence, de nombreux journaux anglo-saxons essentialisent et désignent la communauté des musulmans tout entière contre laquelle s’exercerait, dit le New York Times, un « racisme systémique ».

Derrière, c’est aussi la volonté d’une presse anglophone de couler dans son moule idéologique, multiculturel, une réalité nationale. Là, on est sans doute davantage dans l’opinion que dans l’information.

Et cela a sans doute quelque chose à voir avec l’activisme dont se réclame certaines rédactions, qui consiste à défendre les origines diverses dont elles sont issues. À CNN comme au New York Times, cela a conduit à une détestation de Trump mais aussi, comme le remarque Luce Julien, directrice de l’information de Radio Canada, à une valorisation de l’opinion sur les faits.

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