Chronique des médias

La vidéo, au cœur des violences policières

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Retour sur la question de la violence policière, après la diffusion d’une vidéo de tabassage d’un producteur de musique noir samedi dernier dans le XVIIe arrondissement de Paris.

Michel Z., producteur frappé par des policiers, répond aux questions des journalistes avant d'accéder aux locaux de l'IGPN, la police des polices, le 26 novembre 2020. Les policiers ont pu être identifiés grâce à la vidéosurveillance des locaux où le producteur a été roué de coups.
Michel Z., producteur frappé par des policiers, répond aux questions des journalistes avant d'accéder aux locaux de l'IGPN, la police des polices, le 26 novembre 2020. Les policiers ont pu être identifiés grâce à la vidéosurveillance des locaux où le producteur a été roué de coups. © AP/Thibault Camus
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C’est sans doute une vérité qui serait restée ignorée s’il n’y avait pas eu une caméra et surtout une vidéo diffusée par le média en ligne Loopsider jeudi matin. Pendant une vingtaine de minutes, trois policiers se sont acharnés sur un homme noir, Michel Z., un producteur coupable de ne pas porter de masque dans la rue alors qu’il rentrait dans son studio professionnel. C’est là, dans le très bourgeois XVIIe arrondissement de Paris, que ces trois hommes en uniforme l’ont roué de coups. Une grenade fumigène a ensuite été envoyée dans ses locaux et il a été placé en garde à vue pendant 48 heures.

Les policiers ont prétendu que Michel Z. avait été interpellé sur la voie publique, qu’il avait tenté de prendre leur arme… Ce que contredisent les images dévoilées par Loopsider, venant à la fois de la caméra de surveillance du studio et de voisins d’en face. À cela s’ajoute le témoignage de la victime qui raconte qu’elle a été traitée à plusieurs reprises de « sale nègre ». Le journaliste de Loopsider, David Perrotin, dont la vidéo a été vue près de 13 millions de fois, avait déjà fait parler de lui quand il avait révélé que le Défenseur des droits s’était autosaisi dans l’affaire Steve Maia Canico, ce jeune Nantais mort noyé après une intervention de la police l’année dernière.

Une affaire qui tombe au plus mal pour le ministre Gérald Darmanin

Pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, cette affaire tombe au plus mal, car elle arrive après l’évacuation d’un campement de migrants, mardi, place de la République, à Paris. Des vidéos ont montré un policier faire un croche-patte à un migrant et un journaliste se faire tabasser à terre. Ce reporter, Rémy Buisine, connu pour avoir suivi le mouvement « Nuit debout », est lui aussi employé d’un média vidéo, Brut. RSF a porté plainte contre le préfet de police de Paris, Didier Lallement, et de nombreux médias dénoncent un problème systémique au sommet de la hiérarchie.

Gérald Darmanin, qui a saisi l’inspection générale de la police, s’est dit « choqué » par ces « images ». L’ironie, c’est que le ministre porte l’article 24 de la loi sur la sécurité globale. Avec cet article, ne pourrait-on pas accuser des vidéastes de chercher à diffuser des images malveillantes envers les policiers sur les réseaux sociaux ? Le gouvernement assure qu’il préserve la liberté d’informer. Une commission a été créée pour avancer sur ce sujet alors même que la loi sur les séparatismes proposera une disposition analogue vis-à-vis de tous les fonctionnaires.

En attendant, du Figaro à l’Humanité, les sociétés et les syndicats de journalistes demandent le retrait de la loi sur la sécurité globale. Ils appellent à la mobilisation pour la marche des libertés ce samedi et s’alarment du climat de haine anti-journalistes qui régnerait dans certains commissariats.

 

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