Chronique des médias

Le journalisme à hauteur de victimes

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Le prix Albert Londres a été remis samedi dernier à Beyrouth. Un prix qui a récompensé cette année différentes formes d’écritures journalistiques, mais aussi d’engagements.

Le journaliste de l'AFP Adel Zaanoun reçoit un prix spécial du comité du Prix Albert Londres lors d'une cérémonie à Beyrouth le 25 octobre 2025, en tant que représentant des journalistes à Gaza, en reconnaissance du « travail essentiel de tous les reporters présents sur le terrain ».
Le journaliste de l'AFP Adel Zaanoun reçoit un prix spécial du comité du Prix Albert Londres lors d'une cérémonie à Beyrouth le 25 octobre 2025, en tant que représentant des journalistes à Gaza, en reconnaissance du « travail essentiel de tous les reporters présents sur le terrain ». AFP - ANWAR AMRO
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Julie Brafman pour la presse, Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour l’audiovisuel ou Elena Volochine pour le livre, tous les lauréats ont en commun un engagement à hauteur de victimes. Pour Julie Brafman, c’est la chronique judiciaire à Libération qui l’amène à suivre des procès retentissants comme celui des braqueurs de Kim Kardashian, mais aussi le meurtre d'un père incestueux par sa fille.

Pour Jules Giraudat et Arthur Bouvart, c'est la série documentaire de Canal+, Le Syndrome de La Havane, qui reprend une enquête autour d'une arme secrète qui aurait affecté la santé d'agents de l'ambassade américaine à Cuba. Malgré les démentis de la CIA, les deux journalistes vont à la rencontre des victimes et écoutent leur point de vue dans un documentaire qui emprunte aux codes de la série de fictions avec son récit haletant.

Enfin, Elena Volochine a mis à profit sa connaissance de la Russie après dix ans de reportages pour France 24. Elle démonte dans son livre la propagande de Poutine et les ravages qu'elle fait dans ce pays.

Le jury a aussi remis une médaille d'honneur aux journalistes palestiniens de l'AFP à Gaza

Le chef du bureau de l'AFP à Gaza, Adel Zaanoun, représentait les journalistes palestiniens à Beyrouth. Adel Zaanoun, qui a beaucoup ému l'assistance en expliquant que sa fille de 11 ans détestait le mot « journaliste » tant il est pour elle synonyme de mort. L'AFP lui a fait quitter Gaza en avril 2024, mais il a subi une frappe à Rafah à 50 mètres de chez lui. Il a perdu sa nièce journaliste et on compte, rappelle-t-il, 255 tués et plus de 400 blessés chez les reporters palestiniens à Gaza.

Le journaliste témoigne avec ses confrères dans le documentaire d'Hélène Lam Trong, Inside Gaza, qu'on peut voir sur Arte.tv. Ce que l'on retient, c'est leur courage et leur dévouement, avec des reportages photos ou vidéo sur le terrain, où il faut documenter la guerre tout en déplorant parfois la mort d'un proche.

Des journalistes parfois mis en cause par l'armée israélienne

Pourtant, Adel Zaanoun rappelle qu'il ne suit pas sa propre ligne éditoriale, mais celle de l'AFP. Et s'il est en contact avec le Hamas, c'est qu'il lui faut recueillir les différentes visions, croiser les sources, comme il le fait avec Israël. Le drame, et ces journalistes palestiniens parlent plutôt de « honte », c'est qu'ils ont longtemps été inaudibles après le 7 octobre. Israël les a accusés d'être des agents du Hamas, photos à l'appui, alors qu'il n'est pas difficile d'être photographié avec cette organisation quand on couvre Gaza. Ils espèrent maintenant qu'Israël laissera entrer les journalistes étrangers pour confirmer leur travail.

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