Chronique des médias

L’extension du domaine d'Éric Zemmour

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Les médias se mobilisent pour suivre la montée en puissance dans les sondages d’Éric Zemmour, considéré comme un candidat pressenti à la présidentielle.

Éric Zemmour.
Éric Zemmour. © AFP/Joël Saget
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Une couverture de Paris Match montrant Éric Zemmour se baignant dans la Méditerranée avec sa proche conseillère, un débat sur BFMTV avec force scénographie l’opposant à Jean-Luc Mélenchon et retransmis en même temps sur RMC, l’émission Le Grand Rendez-Vous sur CNews et Europe 1 ce dimanche avec le même Zemmour... Et ce n’est pas fini : le polémiste d’extrême droite sera l’invité de Ruth Elkrief lundi sur LCI avant d’être celui de Paris Première, dans Restons Zen, l’émission qui succède à Zemmour et Naulleau.

Restons zen… Il faut sans doute remonter à 2016 et à l’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron pour retrouver pareil engouement des médias pour un candidat qui n’est pourtant toujours pas déclaré. La question est donc de savoir si l’on n’est pas là devant un cas d’école d’emballement, de surenchère, d’inconscience des médias qui sera observé plus tard avec sévérité. Est-ce que les digues qui empêchaient jusqu’à présent la surexposition des idées les plus populistes et xénophobes n’auraient pas sauté ?

L'intérêt des chaînes à inviter Éric Zemmour

Alors bien sûr, les sondeurs qui le créditent à 10 ou 11% répondront qu’ils ont testé le nom de Zemmour car il était suivi sur CNews, vendait bien ses livres et qu’il semblait préparer sa candidature. Les médias diront, eux, qu’ils ont invité Zemmour dès lors qu’il n’était plus le chroniqueur attitré de CNews et qu’il montait dans les sondages. Surtout, il fait de l’audience.

Avec son débat jeudi, BFMTV a réalisé la deuxième meilleure audience de son histoire, avec 3,8 millions de téléspectateurs, soit presque quatre fois plus que « Élysée 2022 », la nouvelle émission de France 2 diffusée au même moment avec Valérie Pécresse, la candidate LR. Reste à savoir si le feu Zemmour ne gagne pas grâce au liquide inflammable que lui jettent en permanence les médias, et notamment les chaînes d’info. Une seule, rappelons-le, gagne de l’argent, BFMTV, et toutes ont intérêt à entretenir la flamme Zemmour.

Débat dans les rédactions

Dans les rédactions, le débat est vif. Faut-il parler de Zemmour quitte à alimenter le phénomène ? « Peut-on débattre avec n’importe qui ? », titrait jeudi Libération. Avant d’en débattre en interne. Le problème, c’est qu’on connaît bien le booster de cette spirale.

Avant d’être élu, Donald Trump s’est construit à la télévision en étant propulsé par Fox News, ce qui l’a fait monter dans les sondages. Au Royaume-Uni, le propriétaire de Fox News, Rupert Murdoch, lance cette semaine une nouvelle chaîne, Talk TV, avec le provoquant et ultra-conservateur Piers Morgan. Ceux qui commencent comme des trublions ont souvent de grands mécènes derrière eux. Mais qui les arrête ?

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