Les Assises internationales du journalisme, qui se tiennent à Tours du 29 septembre au 1er octobre, a consacré cette année sa thématique principale à l’urgence climatique à travers le thème : « Urgence climatique et responsabilités journalistiques ».

C’est la responsabilité des journalistes devant l’urgence climatique et sanitaire qui a été évoquée mercredi aux Assises, et l’on voit que les deux sont liés. Hanna Lundquist, une journaliste suédoise, a expliqué que devant les mesures d’urgence, mais aussi les ressources éditoriales déployées par les médias pour le Covid, beaucoup de lecteurs se sont demandés pourquoi on n’en faisait pas autant avec le climat. Et voilà qu’au pays de Greta Thunberg, on a vu tous les services des rédactions commencer à traiter de la question climatique, même les journalistes politiques sont devenus plus compétents pour interviewer les responsables politiques sur le sujet.
La Suède n’est pas seule dans ce cas, puisque le Guardian, au Royaume-Uni, en a fait un de ses principaux marqueurs identitaires. Le média refuse la publicité des industries fossiles et surtout, comme le dit Jon Henley, son correspondant en Europe, l’obsession de tous les services est de « chercher l’angle environnemental ». Sous l’impulsion d’une nouvelle rédactrice en chef, Katharine Viner, le sujet est devenu central, à tel point qu’on ne parle plus au Guardian du changement climatique, mais de la « crise » ou de « l’urgence climatique ». Et finalement, on retrouve des éléments communs avec la crise sanitaire comme le déséquilibre Nord/Sud qui se traduit dans un cas par l’exploitation des ressources naturelles et dans l’autre par la menace de ne pouvoir être soignés en cas de pandémie faute de vaccins.
Un traitement éditorial encore en retrait en France
Chaud devant ! C’est le titre des Assises du journalisme. Et face aux cataclysmes annoncés, aux réfugiés climatiques à attendre, le traitement éditorial paraît encore bien timide en France. Certes, les pages planète du journal Le Monde gagnent en volume et en couverture, France 5 a son programme « Sur le front » avec Hugo Clément, France Inter a son émission quotidienne « La Terre au carré ». Certes, les radios ont pris un tournant environnemental il y a deux ans, mais selon l’INA, les télévisions proposent cinq fois moins de programmes qu’il y a dix ans sur cette cause quand on trouve deux fois plus de sujets dans les JT liés au climat.
Parallèlement, le journalisme environnemental tue : 22 reporters dans le monde, selon RSF, dont 7 en Inde où une mafia dite « du sable » attaque ceux qui enquêtent sur la corruption liée à l’extraction de minerais. C’est l’un des paradoxes des journalistes : ils doivent pour informer solliciter l’ordinateur, le smartphone, la vidéo et tous les outils connectés, mais jamais la pollution numérique n’a été aussi importante avec son recours aux terres rares et aux ressources qui s’épuisent.
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