Facebook promeut le fameux métavers et reconnaît qu’il doit faire plus contre la désinformation. L’occasion de s’interroger sur la part de l’algorithme, de l’internaute et du média dans la propagation des infox et des discours de haine.

C’est l’histoire d’un géant qui annonce qu’il se rebaptise Meta, et qu’il va investir 100 milliards de dollars dans cet univers parallèle où ses réseaux sociaux, Facebook et Instagram, ne vont plus dépendre exclusivement de la publicité.
En apparence, c’est une bonne nouvelle pour les médias puisqu’on sait que Facebook capte à son profit la plupart des vidéos publicitaires. Mais comme l’on sait que l’idée de Meta est d’être une sorte de place de marché à portée de lunettes de réalité virtuelle, on se dit que très vite, de même qu’on aura notre propre vie méta-physique, les médias devront investir pour être présents dans ce méta-monde. Et bien sûr, ce sera toujours Facebook, enfin Meta, qui sera au guichet pour vendre les places.
Facebook veut renforcer sa lutte contre la désinformation
Mais Meta, quoi qu’il s’en défende, c’est aussi pour Facebook une manière de faire oublier les scandales révélés par Frances Haugen. Et ce d’autant qu’un autre lanceur d’alerte a confirmé que la direction de la plateforme sapait les efforts pour lutter contre la désinformation ou les contenus haineux de peur de déplaire à Donald Trump. Un Donald Trump qui finira par être exclu et par créer son propre réseau social.
Alors, évidemment, devant ces Facebook Papers qui amènent des journaux américains à se demander si le géant va s’en relever, Facebook réagit. Mardi, son vice-président Nick Clegg a annoncé qu’il devait en faire plus pour lutter contre la désinformation, en particulier dans les pays pauvres, alors que 87 % de son budget pour contrer ces infox est concentré aux États-Unis. La plateforme a aussi juré qu’elle renonçait à la reconnaissance faciale d’un milliard d’internautes qui avaient activé cette fonctionnalité, pour donner des gages sur le respect des données personnelles.
Une responsabilité partagée
Est-ce que ce sera suffisant ? Rien n’est moins sûr. Le sociologue de Sciences Po Dominique Cardon rappelle que l’algorithme n’est pas seul responsable de la désinformation et des discours de haine. L’internaute qui partage, fait connaître sa colère ou met un cœur à un clash haineux ou une dispute comportant des contre-vérités participe par son engagement à un climat délétère d’information.
Et ils ne sont pas les seuls, les médias et les journalistes, ajoute le sociologue, sont aussi responsables lorsqu’ils bâtissent leur émission de débat ou leur talk-show avec ce qui remonte le plus sur les réseaux sociaux. Il suffit alors de quelques groupes influents sur Twitter ou Facebook pour prendre en otages l’ensemble des téléspectateurs avec des sujets comme le prétendu « grand remplacement » ou la peur de l’Islam.
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