Retour sur le rapport du sociologue Gérald Bronner sur la désinformation et le complotisme et d’une lettre ouverte envoyée à YouTube par 80 organisations de fact-checking dans le monde.

Le rapport de Gérald Bronner (à consulter ici) a été qualifié mardi de « travail remarquable » par Emmanuel Macron et l’on sait que le président a été au moins par deux fois victime d’intoxications graves sur les réseaux sociaux. La première fois, c’était en 2017, quand des rumeurs pour le déstabiliser, imputées à la Russie, sont survenues entre les deux tours de la présidentielle.
La deuxième fois concerne son épouse, Brigitte Macron, qui a expliqué vendredi sur RTL qu’elle avait mis cinq jours et demi à obtenir le retrait d’une intox délirante la présentant comme un homme, manipulation de son arbre généalogique à l’appui.
Mieux former les jeunes et les citoyens à « l’esprit critique »
Ceux qui émettent ces rumeurs le font sans doute par malveillance ou par appât du gain lié aux clics. Mais on a du mal à imaginer ce qui motive ceux qui les relaient ou qui les propagent. Crédulité, amusement, moquerie, souci de conforter sa propre audience par des interactions ? Toutes les motivations sont possibles.
En tout cas, le président a bien retenu cette proposition du rapport Bronner qui vise à mieux former les jeunes et les citoyens à « l’esprit critique » impliquant vérification et croisement des sources, et prises en compte d’arguments contradictoires.
YouTube dans le viseur des fact-checkeurs pour une meilleure collaboration
La contradiction, c’est bien sûr ce à quoi s’attellent les fact-checkeurs, ces vérificateurs qui ont encore constaté cette semaine qu’un géant comme YouTube laissait passer beaucoup de vidéos de désinformation, en particulier de faux remèdes contre le Covid dans les pays non anglophones.
À tel point que 80 organisations de fact-checking d’une quarantaine de pays demandent à la filiale de Google de mieux collaborer avec elles, comme le fait déjà Facebook notamment à travers l’AFP ou les Observateurs de France 24. Elles s’inquiètent d’une désinformation « galopante », sur fond d’opacité de l’algorithme et alors que YouTube assure, bien sûr, faire ses meilleurs efforts.
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Le mécanisme et l’impact de la désinformation et du fact-checking
D’où l’intérêt de mieux comprendre comment fonctionne cette désinformation. C’est ce que veut faire De Facto, une plateforme avec Sciences Po, l’AFP et le Clemi qui entend donner les moyens de mieux s’informer et de comprendre l’impact du fact-checking. On sait que la vérification d’un chiffre erroné sur les migrants de Marine Le Pen, par exemple, ne change rien à l’intention de vote en sa faveur.
En revanche, les utilisateurs sont moins susceptibles de partager un contenu signalé comme faux. Comme le montre le Conseil national du numérique, face à tous les pièges émotionnels destinés à capter notre attention sur les réseaux, il faudrait aussi pouvoir paramétrer ses choix d’émetteurs et de contenus sans ingérence des algorithmes.
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