Chronique des médias

Quelle solution après la redevance?

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Cette semaine, le président-candidat Emmanuel Macron a annoncé vouloir supprimer la redevance qui finance l’audiovisuel public français.

Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, a annoncé qu'il supprimerait la redevance télévisuelle s'il était réélu.
Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, a annoncé qu'il supprimerait la redevance télévisuelle s'il était réélu. © AFP / LUDOVIC MARIN
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C’est lors de sa première sortie de candidat à Poissy, dans les Yvelines, qu’Emmanuel Macron a répondu à une question sur le pouvoir d’achat, la première préoccupation des Français, en pleine flambée des prix du gaz et de l’essence.

Il a annoncé la suppression de la redevance, soit 138 euros par an que payent près de 28 millions de Français possédant un téléviseur. L’idée est d’aller au bout d’une réforme supprimant la taxe d’habitation, à laquelle cette contribution à l’audiovisuel public est rattachée.

« On supprimera les impôts qui restent, la redevance en fait partie », a-t-il lâché, sans préciser le nouveau mécanisme de financement.

Il y a pourtant urgence, car la taxe d’habitation ne sera plus qu’un souvenir en 2023 et dès la prochaine rentrée, les députés devront dire comment ils trouvent les 3,2 milliards d’euros qui permettent de financer France Télévisions et indirectement TV5 Monde, Radio France, France Médias Monde et notamment RFI et France 24, Arte France et enfin l’Institut national de l’audiovisuel. Et il faut ajouter 600 millions d’euros de l’État pour les foyers modestes qui ne sont pas assujettis à la redevance.

Supprimer la redevance ? C’est sans doute une belle promesse électorale, mais est-ce faisable et est-ce souhaitable ? À en juger par les réactions des syndicats de journalistes, des sociétés d’auteurs ou les syndicats de producteurs indépendants, la mesure est « hypocrite et dangereuse ».

Hypocrite, car il faudra bien récupérer d’une main ce qu’on rend d’une autre, et dangereuse, car cela va en finir avec le principe d’une taxe affectée à l’audiovisuel public. Ce qui veut dire que les budgets des sociétés audiovisuelles seront soumis chaque année aux arbitrages du budget général. Cela peut être un moyen redoutable pour un gouvernement de peser sur les politiques éditoriales. On l’a bien vu en 2017-2018, lorsque des économies exigées à France Télévisions se sont traduites par une volonté d’avoir moins de magazines d’investigation.

Et en même temps, la refonte du mécanisme de financement peut être une opportunité. La députée LREM Céline Calvez plaide par exemple pour une loi de programmation de cinq ans, comme il en existe pour les armées ou l’école. D’autres essayent de sauver l’idée d’une affectation à travers le prélèvement d’une part de TVA. Cela permettrait de faire participer tout le monde au financement de l’audiovisuel public, donc pas uniquement ceux qui ont une télé.

Mais l’inconvénient, c’est que ce n’est pas très respectueux de l’équité devant l’impôt qui est progressif en fonction des revenus. Bref, la redevance n’a pas encore tout à fait trouvé son remplaçant.

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