C'est un sujet sur lequel une commission d’enquête du Sénat a remis un rapport jeudi 31 mars avec 32 propositions.

La concentration des médias ? Deux opérations majeures, actuellement en cours, montre qu’elle s’accentue. La première est une offre publique d’achat de Lagardère, propriétaire d’Hachette, d’Europe 1, de Paris Match et du Journal du Dimanche par Vivendi, propriété de Bolloré et qui possède les chaînes Canal+, CNews, C8, les magazines Prisma ou le groupe d’édition Editis.
La seconde est un projet de fusion de TF1 et de M6, qui doit encore recevoir l’aval de l’autorité de régulation, l’Arcom, et de l’Autorité de la concurrence. Le rapport d’enquête du Sénat était donc très attendu, même si la période électorale rend très incertain son avenir.
Ce qui en ressort est très consensuel, et c’est un point assumé puisque la commission d’enquête a fait en sorte que tous ses membres l’acceptent, ce qui a permis la publication d’un rapport. C’est ce qui explique que certaines dispositions ne sont pas passées comme un renforcement des pouvoirs de l’Arcom ou la possibilité pour les rédactions de refuser le rachat de leur média si une majorité des deux tiers des journalistes s’y oppose. On n’a pas vu non plus, parmi les 32 propositions affichées, de dispositions pour limiter les conflits d’intérêts qui pourraient naître d’une dépendance à la commande publique des propriétaires comme Bouygues ou Dassault.
Opportunités et risques
Quant à la loi de 1986, qui sert de socle à la liberté de communication et qui n’intègre ni le numérique, ni même les hebdomadaires dans ses règles anti-concentration, chacun s’accorde à dire qu’elle est obsolète. Mais la commission ne s’est pas risquée à dire ce qu’il fallait changer dans les seuils et les plafonds destinés à empêcher la concentration. Et pour cause : les sénateurs, suivant leur sensibilité politique, n’ont pas voulu entraver le développement de grands groupes comme Bolloré-Vivendi ou Bouygues-TF1 qui ont bien insisté pour dire qu’ils étaient des « nains » – comme dit Vincent Bolloré – face aux géants du numérique comme Google, Facebook ou Netflix. C’est d’ailleurs le poids de ces plateformes sur le marché publicitaire ou dans l’économie de l’attention qui justifierait, aux yeux de TF1, qu’on autorise sa fusion avec M6.
Les sénateurs n’ont donc pas tranché dans le jeu de Monopoly capitalistique. En revanche, ils se sont entendus pour inciter le législateur à voter des garanties en faveur des journalistes. Ils ont aussi proposé d’imposer des obligations de financement de l’information à la télévision pour empêcher que ne prolifère un modèle économique, bien connu avec CNews, où le débat et le déversoir à opinion(s) sont plus rentables que le reportage et la recherche d’informations.
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