Retour sur le casse-tête du décompte du temps de parole sur les médias audiovisuels pendant la campagne officielle et de son décalage avec la réalité des Français.

Certains appellent cela le charme de la période de campagne officielle. D’autres y voient un dispositif qui encourage le désintérêt pour la politique, et peut-être même l’abstention. En tout cas, les deux semaines qui s’achèvent se distinguent par des règles très strictes d’égalité des temps de parole et d’antenne des douze candidats, comme pour leurs clips officiels. Ce qui veut dire que, pendant quinze jours, le plus bas dans les sondages bénéficie du même temps d’antenne, aux mêmes horaires, que le plus haut. Et même que les commentaires de meeting, les éditoriaux, les chroniques comme celle-ci, doivent accorder la même place à chacun, sauf à laisser à d’autres le soin de rattraper un ou des retards.
Nous ne dirons donc pas le nom de ce candidat qui trouve absurde de bénéficier en quinze jours d’autant de temps médiatique qu’en cinq ans. Tout juste se risque-t-on à mentionner l’existence d’un président qui n’a pas vu son dernier grand meeting à la Défense relayé sur la première chaîne d’info, BFM TV, car il était impossible pour elle de répliquer onze fois le même suivi médiatique.
Un décompte absent dans la presse et sur le numérique
Le plus étonnant, c’est que ce dispositif ne concerne que la radio et la télé – c’est la contrepartie de fréquences publiques –, et non pas la presse ou le numérique. C’est ainsi que le discours dudit président a été suivi, commenté sur le site de BFMTV et que la dernière interview accordée par ce même président l’a été à Brut, un média numérique où l’on retrouve d’ailleurs Thomas Snégaroff, journaliste qui officie sur France Télévisions. Brut n’est pas comptabilisé dans le décompte du temps de parole et il a déjà pu rassembler 7 millions de vidéos vues sur les vaccins avec Emmanuel Macron.
Certes, ce décompte strict est le seul système qui permette de parler ou de faire parler des petits candidats, alors même que la campagne a été marquée par l’absence de débats et la volonté du président sortant de ne pas se jeter dans l’arène. Mais, il faut bien le dire, en pleine guerre en Ukraine, cette comptabilité incite aussi des médias audiovisuels à sous exposer la politique française pendant une période où l’on ne devrait parler pour ainsi dire que de cela.
En plus, ce temps officiel fait suite à une période avant le 1er janvier où de grosses inégalités ont été constatées, notamment en faveur d’un candidat populiste. Bien sûr, après le 1er janvier, on est entré dans la période d’équité qui impose de répartir les prises de parole sur des horaires comparables. Mais entre l’absence de règles avant l’équité et un trop-plein de règles avec l’égalité, il y a sans doute un équilibre à trouver… dans la durée.
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