Un faux contre les députés Garrido et Corbière est devenu l’affaire «Le Point»
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Retour sur le scandale qui a mis en cause l’hebdomadaire Le Point, et qui débouche sur un volet judiciaire après l’ouverture d’une enquête pour escroquerie suite à une plainte des députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière.

Cela fait une semaine que cette affaire est sortie et on commence à comprendre un peu mieux ce qu’il s’est passé mais aussi les manquements du Point. Pour rappel, tout est parti d’un article sur le site de l’hebdomadaire qui a été démenti par le couple de députés de Seine-Saint Denis accusé d’employer une femme de ménage sans papiers, de la traiter mal et d’avoir un pied à terre à Paris pour y scolariser un de ses enfants.
« Tout est faux », avait alors protesté le couple, et dès le lendemain l’article était retiré du site, ce qui est très rare. Depuis lors, l’auteur de l’article, Aziz Zemouri, a été mis à pied, son licenciement a été demandé par les deux députés, et il va sans doute se produire. Quant à la direction du Point, elle s’est lancée dans une grande enquête sur ce qu’elle appelle un « enfumage externe ». Comprenez : une machination ourdie contre le couple de députés qui a déposé plainte pour escroquerie.
Selon leur avocat, il apparaît qu’il y a eu fabrication de faux échanges par SMS entre Raquel Garrido et la supposée femme de ménage, que l’on a intoxiqué le journaliste Aziz Zemouri et que tout cela a été fait pour le bénéfice d’un tiers. Mardi, le journaliste a déposé plainte contre l'ex-député UDI Jean-Christophe Lagarde, battu aux élections législatives par Raquel Garrido, et un policier détaché auprès son épouse, maire de Drancy. Un tweet rendu public montre que Jean-Christophe Lagarde s’attendait à ce que l’affaire sorte avant le deuxième tour des législatives. Ce qui aurait peut-être empêché la députée de l’emporter.
Manque de vérifications suffisantes
Mais voilà que la rédaction en chef du magazine, qui devait faire un écho sur cette affaire avant l’élection, n’en a pas voulu faute de vérifications suffisantes. Et c’est donc assez curieusement sur le web que l’article a été publié la semaine suivante en contravention avec pas mal de règles de la profession. Le journaliste n’a jamais rencontré physiquement la supposée femme de ménage, il n’a pas recueilli la parole des députés incriminés avant publication, il s’est empressé de faire monter ses infos sur les réseaux sociaux pour créer de l’audience. Pourtant, ce journaliste n’était pas sûr, il avait été plusieurs fois condamné pour diffamation.
Cela aurait dû inciter à la prudence Etienne Gernelle, le directeur du Point, qui parle de « faux grossier » à propos des pseudos-échanges par SMS. Mais c’est un peu comme si la vérité du web ou des réseaux sociaux n’était pas la vérité exigeante du papier. La direction, qui veut faire la lumière sur cette histoire en se référant au New York Times ou à l’AFP, ne pourra faire l’économie d’une question : où et quand a-t-elle failli ?
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