La Russie et l'Ukraine se livrent une guerre de l'information devant les médias internationaux.

Dans une vidéo dont il a l’habitude, Volodymyr Zelensky a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à condamner toutes les formes de « terreur énergétique ». Le choix du mot « terreur » n’est pas laissé au hasard à un moment où les deux belligérants se renvoient la responsabilité des bombardements aux abords de la centrale nucléaire de Zaporijjia.
Au même moment, Kiev cherche à neutraliser la propagande russe en demandant à Eutelsat de ne plus transporter les chaînes RT, de Russia Today, même si un accord de distribution avec des entreprises russes permet à l’opérateur de toucher 15 millions de foyers en Russie et représente plusieurs dizaines de millions d’euros de revenus. Dans une tribune au Monde, Oleksandr Tkachenko, le ministre ukrainien de la Culture, rappelle cette semaine qu’Eutelsat est détenu à 22% par la France et distribue « deux grandes plates-formes de télévision payantes russes qui font activement de la propagande, Tricolor TV et NTV-Plus. »
Des informations ukrainiennes qui ressemblent à de la propagande
Alors s’il est évident qu’il y a une propagande et des infox russes, que dire de l’Ukraine ? Mardi, à Média en Seine, à Radio France, un citoyen s’étonnait que l’AFP respecte les consignes du gouvernement ukrainien d’attendre plusieurs heures avant de transmettre les images d’un bombardement à Kiev ou à Lviv quand il survient. L’idée est d’éviter que les forces russes ajustent leur tir en fonction de photos en temps réel des dégâts. « Si les Russes posaient la même exigence, on l’accepterait », a précisé Karim Talbi, rédacteur en chef à l’agence.
Certains diront que les médias occidentaux ont tendance à ne pas discuter les infos ukrainiennes, quand bien même elles ressemblent beaucoup à de la propagande. On l’a vu, c’est vrai, au moment où Zelensky a soutenu que le missile tombé en Pologne était russe alors même qu’il venait de sa propre défense antiaérienne.
2 000 à 3 000 journalistes présents en Ukraine
Mais en même temps, les vidéos omniprésentes sur les réseaux sociaux et la présence de 2 000 à 3 000 journalistes en Ukraine rendent très difficile une manipulation du type faux charnier de Timisoara. On l'a vu à Boutcha, comme l’a expliqué Etienne Leenhardt, de France Télévisions, qui ne croyait pas au départ à ce massacre, la capacité à se rendre sur place en quelques heures a rendu la vérification aisée.
Côté russe, pas de journalistes ou alors sous forme de voyage de presse à Zaporijjia ou Marioupol. C’est ce qui fait la différence entre un système de contrôle absolu, où toute information déviante peut valoir 15 ans de prison, et une information sous contrôle, qui est celle de l’Ukraine, avec ses bulletins d’actualité communs dans un but militaire, sur ses cinq chaînes gratuites.
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