Il pleut sur Riga: la télévision russe Dojd interdite en Lettonie
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La télévision russe dissidente Dojd, a perdu depuis le 8 décembre son autorisation d’émettre en Lettonie, un pays de l’Union européenne.

Les motifs qui justifient cette interdiction disent toute la vigilance mais aussi l’incompréhension des autorités lettones vis-à-vis de près de 300 journalistes russes réfugiés sur leur territoire. Ces journalistes ont leur médias que ce soit Meduza, installé depuis 2014, Novaïa Gazeta, le journal en russe et en letton, mais aussi la rédaction moscovite de la Deutsche Welle et, depuis juillet Dodj ou TV Rain, la grande chaîne russe indépendante créée en 2010 et qualifiée d’« agent de l’étranger » par Moscou. Ils ont beau être indépendants, dissidents, avoir fui leur pays après l’invasion de l’Ukraine et une loi punissant de 15 ans de prison toute vérité jugée mensongère, ces médias n’en restent pas moins russes.
Méfiance
Alors, lorsque Dojd publie une carte météo de la Russie, on y trouve la Crimée. Lorsqu'elle reçoit des témoignages de femmes de soldats engagés sur le front, elle suggère d’envoyer de l’équipement aux combattants. Pire peut-être, aux yeux du régulateur letton, elle omet de traduire ses programmes en langue lettone.
Dojd n’a donc plus le droit d’émettre en Lettonie, c’est la loi, après trois manquements en un an. La chaîne a eu beau plaider l’erreur individuelle et licencier l’auteur de l’appel à un soutien aux troupes, elle ne peut plus compter que sur YouTube pour toucher la population russophone, avec pas moins de 14 millions de vues en Russie.
Le Kremlin a ironisé en disant « certains pensent qu’ailleurs, c'est mieux que chez soi ». Ce qui est sûr, c’est que malgré sa dénonciation des crimes en Ukraine, Dojd s’est aussi heurté à une campagne anti-russe en Lettonie où l’on vient de renoncer à l’enseignement de la langue de Tolstoï et de détruire des monuments à la gloire de l’Armée rouge.
La Lettonie ne compte que sur l’Otan
Il suffit de rencontrer à Riga des journalistes lettons, comme l’a fait une délégation du prix Albert Londres fin novembre, pour se rendre compte que, n’est pas du tout comprise dans ce pays la position d’Emmanuel Macron vis-à vis de la Russie. La théorie chère à Kennedy selon laquelle il ne faut pas « humilier l’adversaire », l’idée qu’il faut continuer malgré tout à maintenir le lien avec Poutine, la vision française d’après laquelle il ne pourra y avoir de négociations sans garantie pour la sécurité de la Russie, tout cela apparaît incompréhensible.
Aurélie Royet-Gounin, l’ambassadrice de France à Riga, a beau expliquer que cette position de la France permet à l’Union européenne d’être un acteur actif dans la recherche d’une solution, rien n’y fait. On sent qu’après deux occupations soviétiques, les médias lettons ne veulent pas entendre parler d’une voie franco-allemande entre la Russie et l’Otan. Un Otan qui reste pour eux le seul rempart protecteur.
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