La répression en Iran sévit aussi contre le monde de la culture, du numérique et des médias après de multiples arrestations d’acteurs, de vidéastes ou de journalistes.

La célèbre prison d’Evin, au nord de Téhéran, détient depuis le 17 décembre une actrice célèbre, Taraneh Alidousti. Tête d’affiche du film Le Client, qui a reçu l’Oscar du meilleur film étranger en 2017, sélectionnée cette année à Cannes pour Leila et ses frères, elle est sans doute la plus renommée des personnalités emprisonnées par le régime. Son tort est de s’être indignée sans foulard sur Instagram de l’exécution du premier manifestant condamné à mort, Mohsen Shekari.
L’actrice a reçu le soutien de 500 grands noms du cinéma mondial comme Ken Loach, Marion Cotillard, Pedro Almodovar ou Kate Winslet. Elle est devenue la figure de proue des victimes d’une répression qui frappe aussi bien des actrices que des réalisateurs, des scénaristes, ou bien le rappeur Toomaj Salehi qui a été inculpé, selon Amesty, « pour des critiques formulées dans sa musique et sur les réseaux sociaux ». Avec une particularité : il leur est alors interdit de quitter leur pays.
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Mais les arrestations visent aussi les reporters qui ne s’autocensurent pas ou sont placés en détention de façon préventive. Selon Reporters sans frontières, depuis le début des manifestations, 34 nouveaux journalistes ont été placés sous les verrous, ce qui porte à 47 le nombre de ces professionnels emprisonnés. Bien sûr, sur plus de 18 200 jetés en cellule, le plus gros des arrestations vise des jeunes manifestants connectés, mais là aussi ce sont ceux qui filment avec leur téléphone, des reporters-citoyens, qui sont particulièrement ciblés.
Ces jeunes disposent d’un VPN, qui leur permet de contourner la censure d’internet, et ils envoient des vidéos qui sont reprises à Londres par les chaînes Iran International ou BBC Persian. Le régime réagit en arrêtant à tour de bras, mais aussi en accusant les manifestants d’être des émeutiers à la solde des Occidentaux. C’est d’ailleurs pour éviter de diffuser cette propagande que l’Union européenne a imposée à Eutelsat de cesser toute diffusion de la chaîne anglophone iranienne Press TV.
Même si le régime des mollahs maîtrise de mieux en mieux les réseaux sociaux, comme en atteste son strict contrôle d’internet ou sa tentative de corruption de modérateurs allemands d’Instagram, révélée par BBC Persian fin mai, il reste encore à la merci de groupes de hackers. Le 8 octobre, dans le journal télévisé de la télévision d’État, le visage de Masah Amini est apparu en dessous de celui, en feu, du guide suprême Ali Khamenei. Avec un message : « le sang de notre jeunesse est sur vos mains ». Déjà, un site à l’étranger comme Iran Wire travaille en open source pour documenter la répression.
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