Le conflit entre le gouvernement français et le groupe Bolloré qui est encore monté d’un cran cette semaine alors que la chaîne C8 a été condamnée à une amende de 3,5 millions d’euros par l’Arcom.

Cette sanction de 3,5 millions d’euros est la plus forte jamais infligée à une chaîne de la TNT. Elle montre que Cyril Hanouna, qui est contractuellement lié à Vincent Bolloré, est une source d’audience, mais aussi de coûts imprévisibles pour sa maison mère, Canal+. Cette fois, l’Arcom a sanctionné des insultes de l’animateur contre un député de La France Insoumise, Louis Boyard, après les propos de cet élu sur le rôle de l’industriel dans la déforestation du Cameroun.
Certes, ce n’est pas la première fois que la chaîne est sanctionnée pour un dérapage de son animateur : elle a déjà dû payer 3 millions d’euros après un canular homophobe en 2017. Mais ce qui justifie aujourd’hui l’amende, c’est non seulement une insuffisante maîtrise de l’antenne, mais aussi, ce qui est plus grave, une tentative d’entrave à la liberté d’expression. Le député, dit l’Arcom, a « été explicitement empêché d’exprimer en plateau un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du groupe Canal+ ».
Une remarque qui ne passe pas
En cas de récidive, le régulateur peut aller jusqu’à la suspension de l’autorisation d’émettre sur la fréquence TNT, qui est un bien public. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, ne l’ignore pas. Elle a rappelé au Monde que l’Arcom était intervenue une vingtaine de fois depuis 2019 contre C8 et CNews et que cette instance « saura regarder » comment ces chaînes ont respecté leurs obligations, en 2025, au moment du renouvellement de leurs autorisations. Aussitôt, Cyril Hanouna est monté au front : « Privatisez-moi ça », a-t-il lancé, à propos de l’audiovisuel public. Une sortie jugée « inadmissible » par la ministre qui se souvient que seuls Marine Le Pen et Eric Zemmour demandaient cette privatisation pendant la campagne présidentielle.
Sur France Inter, Rima Abdul Malak n’a pas exclu un retrait des fréquences de C8 ou de CNews, sans toutefois se prononcer. La tension est alors montée d’un cran puisque que le groupe Canal+ s’est dit « profondément choqué » qu’elle consacre cinq minutes de son interview à la critique du groupe et qu’elle « laisse entendre » que ses licences ne devraient pas être renouvelées.
Si Bolloré et Macron, on le sait, ne s’apprécient pas, il n’en a pas toujours été de même entre Hanouna et le gouvernement. La secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire Marlène Schiappa discutait encore en juin pour devenir chroniqueuse chez Hanouna. Mais Erik Orsenna parle aujourd’hui de Bolloré comme d’un « ogre ». En contrôlant Hachette, l’homme d’affaires vient de renforcer sa position de force dans l’édition. Bref, il inquiète éditeurs et écrivains. Et donc la ministre de la Culture.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne