Chronique des médias

Un superviseur pour les influenceurs

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Une proposition de loi contre les dérives des influenceurs, soutenue par le gouvernement, a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, jeudi 30 mars.

L'été dernier, le rappeur Booba a accusé Magali Berdah, dite la «papesse des influenceurs», de se faire de l’argent en arnaquant les plus faibles quand celle-ci a crié au harcèlement.
L'été dernier, le rappeur Booba a accusé Magali Berdah, dite la «papesse des influenceurs», de se faire de l’argent en arnaquant les plus faibles quand celle-ci a crié au harcèlement. AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT
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Il est impossible de savoir à combien se monte l’argent des influenceurs, ces YouTubeurs, Instagrameurs ou TikTokeurs qui peuvent gagner des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros. En France, ils seraient à peu près 150 000 et s’il est très difficile d’avoir des données économiques, ce n’est peut-être pas un hasard.

Car ces influenceurs ont pour particularité d’avoir des pratiques commerciales controversées et de profiter de l’absence béante de réglementation les concernant. En clair, on peut trouver chez eux de la publicité mensongère ou clandestine, ce qui est interdit dans les médias. Que ce soit des arnaques pour des produits miracles qui sont sans effet, quand ils ne sont pas dangereux pour la santé, ou bien des partenariats avec une marque, sur une vidéo, dont une YouTubeuse ou un Instagrammeur nous parle comme d’un vrai coup de cœur alors qu’il s’agit, en réalité d’une prestation de service.

Jusqu’ici, les influenceurs ne sont pas vraiment inquiétés et peuvent donc faire un peu ce qu’ils veulent. Surtout s’ils sont hébergés dans un émirat et ne payent pas leurs impôts. Selon la Direction de la concurrence, six sur dix ne respectent pas les règles de la publicité ou le droit des consommateurs.

Protéger les « plus faibles »

C’est pour faire face à ces dérives que Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, s’est intéressé au sujet. Le gouvernement soutient donc une proposition de loi transpartisane où il est spécifié qu’il n’est pas nécessaire de toucher de l’argent pour être engagé en tant qu’influenceur. Certains peuvent par exemple se contenter de recevoir des habits ou des parfums.

Ce qui va être interdit désormais, c’est de faire la promotion d’actes de chirurgie esthétique ou de faux remèdes qui mettent en danger la santé des gens. De même, la publicité des alcools sera encadrée quand la promotion du tabac sera interdite, comme dans les médias. Et si les députés n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la prohibition des produits trop salés ou sucrés, facteur d’obésité, ils se sont accordés à une voix près sur le fait que cela ne pouvait venir de mineurs de moins de seize ans.

L’objectif est bien de sortir de la loi de la jungle. À l’occasion d’un violent différend cet été, le rappeur Booba a accusé Magali Berdah, dite la « papesse des influenceurs », de se faire de l’argent en arnaquant les plus faibles quand celle-ci a crié au harcèlement.

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de tout dans les influenceurs. Y compris de puissants intérêts comme le groupe Banijay, dont Bolloré est actionnaire. Sans oublier les plateformes américaines ou chinoise par lesquelles l’argent est prélevé.

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