Chronique des médias

Un deuxième dimanche sans JDD

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Le Journal du dimanche (JDD) est entré dans sa deuxième semaine et qui va aboutir à un nouveau dimanche sans parution.

La façade des locaux du «Journal du dimanche», à Paris.
La façade des locaux du «Journal du dimanche», à Paris. © AFP/Martin Lelièvre
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La grève a de nouveau été votée de façon écrasante par 96% des journalistes, et de nouveau, elle va avoir pour conséquence la non-parution du journal. Samedi dernier, c’est l’offensive de Wagner en Russie qui n’a pas pu être traitée, cette fois ce sont les émeutes urbaines. Entre ces deux jours, toutefois, la situation n’est plus tout à fait la même. D’abord, la rédaction a fait montre de sa résistance, en faisant bloc, en continuant à rejeter la nomination à sa tête de Geoffroy Lejeune, ce journaliste d’extrême-droite venu de Valeurs actuelles et proche d’Eric Zemmour. Ensuite, les journalistes continuent de réclamer des garanties d’indépendance comme il en existe au Monde, aux Echos, à Libération, à L’Express, à L’Obs ou à Télérama. Des journaux qui sont parfois détenus par des milliardaires comme Xavier Niel ou Bernard Arnault et où, malgré tout, l’actionnaire ne peut nommer un patron de la rédaction dont ne veulent pas au moins la moitié des journalistes concernés.

Autre changement, la mobilisation de la profession, de la gauche et même de certaines voix de la majorité à l’instar de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak qui s’alarme au nom des « valeurs républicaines ». Mardi, à l’appel de Reporters sans frontières, un millier de personnes ont manifesté leur soutien à la rédaction du JDD au Théâtre Libre, à Paris, appartenant à Jean-Marc Dumontet, un proche de Macron. Huit anciens directeurs du journal, pas moins de trente sociétés de journalistes, ou encore la Nupes sont venus épauler les grévistes, en particulier en reprenant une idée chère à l’économiste Julia Cagé : conditionner les aides à la presse à ce droit de véto de la rédaction sur son directeur.

Politiquement, le JDD recompose aussi les droites puisque cette nomination a le soutien de Marine Le Pen, mais aussi d’Eric Ciotti, le président des Républicains. Selon Libération, Marine Le Pen a raconté à un ancien directeur du JDD qu’elle savait ce que ses patrons souhaitaient faire de leur journal et qu’elle n’avait « pas de suspicions à avoir, mais des certitudes dans ce domaine ». Bien sûr, Geoffroy Lejeune est un choix qui a été validé par Vincent Bolloré, qui vient de mettre la main sur le groupe Lagardère même si Arnaud Lagardère en reste le président. Dans Le Figaro, cet héritier a assuré que cette nomination ne devait rien à Vivendi de Bolloré, que c’était un choix « économique et pas du tout idéologique », et pourtant personne n’y croit. Car c’est plutôt et l’un et l’autre. Un choix idéologique en faveur de l’extrême droite et un choix économique en direction de ses sympathisants.

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