L’Europe aux prises avec la guerre informationnelle
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La Commission européenne s’inquiète de la désinformation russe qui risque d’interférer dans des élections en Europe.

La vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, parle même « d’arme de manipulation massive » comme on parlait naguère d’arme de destruction massive. Alors, c’est un soft power, certes, mais qui est susceptible de miner la démocratie et de perturber des élections, par exemple ce week-end en Slovaquie, mais aussi demain en Pologne ou l’an prochain pour les élections européennes.
Le cas de la Slovaquie est intéressant. Le favori des sondages, Robert Fico, est un ancien Premier ministre chassé après un scandale de corruption, qui veut imiter en tout point Victor Orban, le dirigeant hongrois, en perturbant le jeu européen et en s’opposant aux sanctions contre la Russie. Pour cela, son parti Smer est une formation nationaliste aux messages prorusses, hostile aux migrants et aux Ukrainiens.
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Là où l’influence de la Russie se pose, c’est qu’on a vu que l’essor de Robert Fico est accompagné de véritables campagnes de désinformation sur Facebook, par exemple. Résultat, à la question « qui est responsable du déclenchement de la guerre en Ukraine ? » 40 % des Slovaques pensent que c’est la Russie et 34 % disent que c’est l’Occident, selon un sondage Globsec. C’est pourquoi Vera Jourova en appelle aux plateformes pour qu’elles fassent plus d’effort alors qu’elles viennent de remettre leur rapport sur la désinformation.
Elon Musk et X dans le collimateur de la Commission européenne
Rien que sur les quatre premiers mois, Google a expliqué qu’il avait bloqué 411 chaînes YouTube impliquées dans des opérations d’influence russe. Mais c’est surtout Elon Musk et son réseau X, anciennement Twitter, qui sont dans le collimateur de la Commission. Dernièrement, il a reconnu avoir licencié la moitié de ses modérateurs qui, selon lui, « nuisaient à l'intégrité des élections ».
Ensuite, depuis mai, il a quitté le Code des bonnes pratiques européen contre la désinformation qui a été signé par 44 plateformes. Quant à la mention « compte affilié à un État », elle n’existe plus depuis avril. Le résultat a été immédiat, selon Newsguard : en trois mois, des médias russes comme RT et Sputnik ont vu leur nombre de likes multiplié par deux, voire par trois. La Commission demande donc à Elon Musk de respecter sa nouvelle loi sur les services numériques, à défaut de quoi X sera sanctionné.
Le milliardaire pourra peut-être se consoler en se disant qu’en Europe, il n’y a pas que les infox russes sur les migrants qui perturbent les sociétés. Sur la chaîne CNews, l’animateur Pascal Praud a fait un lien entre la présence de migrants et les punaises de lit qui prolifèrent dans la capitale, selon Le Parisien. L’Arcom a été saisie. Cela n’est jamais anodin quand une population est associée à un parasite.
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