La presse quotidienne régionale face à des difficultés économiques
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Pour cette Chronique des médias, RFI s'intéresse à la presse quotidienne régionale, qui connaît en France des plans de départs et d’économies, notamment à La Provence, qui vient de se mettre en grève.

Oui, c’est un peu la douche froide pour les salariés du quotidien marseillais. Après l’acquisition du journal il y a un an par Rodolphe Saadé, le propriétaire de CMA-CGM (Compagnie maritime d'affrètement – Compagnie générale maritime), ils pensaient être à l’abri d’un plan de départs, car le repreneur avait promis de ne pas procéder à des départs contraints. Et puis voilà que ce que les syndicats pressentaient s’est confirmé : il y aura bien un plan de départs. Alors certes, par des mesures de non-remplacement de contrats à durée déterminée, mais cela concernera tout de même une trentaine de postes de journalistes sur 180. Gabriel d’Harcourt, le nouveau patron, explique qu’il doit absolument adapter les emplois et les compétences aux nouvelles technologies. Le quotidien a perdu 12 millions d’euros l’an dernier, il en perdra 9 cette année, la diffusion a reculé de 20 000 exemplaires en cinq ans. Il estime donc qu’il doit réussir sa transformation en un média global, engagé dans le développement de sa région parce que, sinon, c’est l’avenir même de la presse quotidienne régionale qui est en jeu.
D’autres quotidiens régionaux connaissent également des difficultés
Aux États-Unis, on sait qu’elle n’existe pratiquement plus et que des régions entières sont plongées dans de véritables déserts médiatiques. Rodolphe Saadé, qui a racheté le journal à prix d’or, va encore investir 38 millions d’euros pour redresser le titre. Il n’abandonne pas le papier – il prévoit d’ailleurs de lancer en janvier un magazine dédié à l’Olympique de Marseille, mais il y aura bien des départs, avec la suppression de 10% des postes dans l’entreprise, et la rédaction s’est immédiatement mise en grève pour protester.
En réalité, cette affaire de mutation des métiers – moins à la maquette, au secrétariat de rédaction et à la fabrication, plus à la vidéo, à l’optimisation digitale et à la diversification, c’est une constante dans tous les quotidiens régionaux. Lesquels commencent par débaucher en regroupant des éditions locales avant d’embaucher des profils plus jeunes. On l’a vu à La Voix du Nord l’an dernier, où il y a eu une centaine de suppressions d’emplois pour une cinquantaine de créations de postes. Et on trouve des plans de départs volontaires ou d’économies un peu partout : à Nice Matin, où un centre d’impression commun avec La Provence est prévu, mais aussi au Midi libre, au Dauphiné libéré, à Sud-Ouest… Même Ouest France, le plus acheté des quotidiens français, va devoir s’adapter après une perte de 13 millions d’euros l’an dernier. Tout se passe comme si tous ces journaux, qui ont tardé à réaliser leur transformation numérique, étaient rattrapés par la réalité.
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