Chronique des médias

Les journalistes, cibles de l’armée israélienne

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Cette semaine, La chronique des médias parle du lourd bilan des journalistes tués depuis le début de la guerre Israël-Hamas, le 7 octobre dernier.

Des journalistes dans les décombres de la Jala Tower, qui abritait les locaux de la chaîne Al-Jazeera et de l'agence AP, dans la bande de Gaza.
Des journalistes dans les décombres de la Jala Tower, qui abritait les locaux de la chaîne Al-Jazeera et de l'agence AP, dans la bande de Gaza. © AFP / MOHAMMED ABED
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On sait déjà que 2023 est une année où le nombre de journalistes tués sera hors-norme, en très grande partie en raison du conflit israélo-palestinien. Alors qu’il y a eu au total 67 journalistes ou professionnels des médias tués dans le monde l’an dernier, on en est à déjà 63 rien que pour cette guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York. 56 ont été tués à Gaza et, bien sûr, ces 56 sont tous Palestiniens. Ils ont été tués par des frappes israéliennes, dont 14 dans l’exercice de leurs fonctions.

La responsabilité de l’État d’Israël engagée

Alors officiellement, l’armée israélienne dit que les journalistes ne sont pas délibérément pris pour cible mais qu’elle ne peut pas garantir leur sécurité. Ce serait d’ailleurs pour cela que l’accès à Gaza serait fermé aux journalistes occidentaux. Les témoignages sur place évoquent pourtant des cas de bombardements ciblés sur des appartements de journalistes ou encore des tirs de chars vers des photojournalistes et caméramans en train de filmer malgré un dossard « Press ».

C’est aussi ce qu’il ressort de l’enquête de l’AFP sur ce qu’il s’est passé au sud du Liban, le 13 octobre. Il est aujourd’hui prouvé que c'est un obus israélien qui a tué un journaliste de Reuters, Issam Abdallah, et blessé grièvement une photographe de l’AFP, Christina Assi, qui a dû être amputée d’une jambe. Or, il est désormais avéré que ce sont deux tirs successifs qui ont blessé, voire tué ce groupe de six journalistes internationaux, qu’il n’y avait pas d’activité militaire à proximité, que les reporters étaient bien visibles et que l’armée israélienne disposait d’un drone et d’un hélicoptère pour les identifier.

La Cour pénale internationale saisie par Reporters sans frontières

Reporters sans frontières a saisi la Cour pour « des crimes de guerre contre les journalistes en Palestine et en Israël », sachant que quatre journalistes israéliens ont aussi été tués. Mais l’ONG, qui appelle à une enquête prioritaire du procureur de la CPI, est claire. Elle a titré fin novembre sur son site : « Israël éradique le journalisme à Gaza ». Ce qui apparaît, c’est que l’État en guerre a tenté d’étouffer les informations sur les conséquences de sa stratégie de riposte disproportionnée à Gaza et qu’il n’a pas pu y arriver grâce à ce millier de reporters palestiniens, pour la plupart freelance, qui ont continué d’envoyer des images. Avec l’intelligence artificielle, on sait qu’Israël a la possibilité d’opérer des frappes en masse et ciblées 24h sur 24. Son armée n’a pas plus prévu d’épargner la vie des journalistes que celle des civils.

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