Vers un atterrissage des prix matières premières au second semestre
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Le tournant économique majeur provoqué par la pandémie n’implique pas pour autant le début d’un super-cycle des matières premières. C’est la vision partagée par les auteurs du rapport Cyclope 2021, bible annuelle française des matières premières publiée ce mercredi.

Personne ne peut contester qu’un vent de folie souffle sur la planète des matières premières. Mais le niveau extrême des prix atteints par le fer, l’étain ou encore le cuivre ne doit pas être interprété comme le début d’un « super-cycle ». C’est l’analyse faite par les auteurs du rapport Cyclope.
Évidemment rappelle Philippe Chalmin, le grand spécialiste français des matières premières et directeur du rapport, ce que le monde est en train de vivre, c’est bien la plus forte crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale, un grand chamboulement, qui est caractérisé aujourd’hui par une asymétrie totale de la reprise de l’activité : pour utiliser une métaphore montagnarde, depuis la sortie du premier confinement la Chine pédale et a passé le col, les États-Unis ne sont pas loin grâce à leur plan de relance, mais de nombreux pays regardent le col et les sommets sans pouvoir les atteindre.
Pas de super-cycle selon le rapport Cyclope
Parler de super-cycle, implique d’avoir du recul, précise Yves Jegourel professeur à l’université de Bordeaux et co-auteur du rapport Cyclope. La théorie du super-cycle s’appuie par ailleurs sur une demande très forte et une hausse durable des prix. La demande chinoise en céréales est exceptionnelle cette année, mais va-t-elle devenir structurelle, et s’inscrire dans le temps ? Personne n’a la réponse. Mais surtout, la hausse actuelle des prix ne peut pas être imputée à la seule demande.
Depuis la pandémie il y a aussi une forte contrainte de l’offre. Or cette offre est en train de se reconstruire. Et pour les pénuries liées au manque d’investissements ces dernières années, elles pourraient être en partie compensées par le recyclage pour le cuivre notamment, ou par les avancées technologiques, estime Yves Jegourel.
Réajustement des prix, mais marché instable dans les prochains mois
La conjoncture actuelle ne doit, par ailleurs, pas faire oublier que les matières premières occupent toujours une place centrale dans les tensions géopolitiques encore plus aujourd’hui que ces dernières années insistent les experts de Cyclope. Avec une opposition de plus en plus frontale entre les États-Unis et la Chine qui n’ont pas été gommés par l’élection de Joe Biden.
Oui le monde traverse donc un cycle des affaires qui est à son maximum, mais pas pour autant un super-cycle - comme celui de 2007-2012 -, résument les auteurs du rapport qui tablent sur un réajustement à la baisse des marchés au second semestre 2021 avec « un atterrissage des prix ».
Malgré l’absence de recul sur la période actuelle, les experts ont cependant une certitude, les marchés mondiaux resteront marqués par une profonde instabilité dans les mois qui viennent.
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