Pourquoi les prix du pétrole ne reflètent pas vraiment le marché?
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Les prix du pétrole résistent dans un contexte en apparence baissier, porté par l'annonce d'une surabondance à venir. Seulement, d'autres points d'incertitude, tels que l'état des stocks chinois ou les volumes de pétrole sanctionnés qui sont commercialisés, rendent difficile la lisibilité du marché.

L'offre en pétrole augmente beaucoup plus vite que la demande et, de l'avis général, il faut se préparer à une surabondance de brut dès le quatrième trimestre et au premier semestre 2026. Mais le niveau de cette surabondance est loin de faire consensus – l'Opep+ prévoit une croissance de la consommation deux fois plus forte que l'Agence internationale de l'énergie. « Il y a trop d'angles morts sur le marché » pour dresser un tableau réaliste, résume l'agence Reuters.
Parmi les inconnues figurent les stocks de pétrole détenus par la Chine, des stocks sur lesquels le pays ne communique pas. Or, le niveau de ces réserves est en théorie une des données qui peut avoir une influence majeure sur les prix, a fortiori quand il s'agit des stocks du premier importateur mondial de brut.
Opacité des stocks chinois
Malgré l'absence de données officielles, le recoupement de différentes données permet d'affirmer que depuis le mois de mars, la Chine a importé du brut – notamment de Russie, du Venezuela et d'Iran – à un rythme bien plus élevé que ce qui était nécessaire pour répondre à la demande en carburant du pays. Selon les calculs de Reuters, l'excédent en pétrole brut du pays aurait même bondi à un peu plus d'un million de barils par jour au mois d'août.
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Pour l'instant, le marché semble ne pas tenir compte de ces stocks, pointe le Financial Times, comme s'ils étaient invisibles. « Ces stocks ne sont pas nécessairement négatifs, car si les Chinois accumulent, c'est qu'ils vont consommer », explique Charles Thiémélé, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, qui précise que la gestion des stocks en Chine ne correspond pas à celle des Occidentaux.
Le pétrole sanctionné, mal répertorié
Le marché n'est pas en mesure non plus de refléter tous les volumes de pétrole sanctionnés qui naviguent à bord de la flotte fantôme. C'est peut-être ce qui explique que les cours restent depuis le mois de juillet dans une fourchette relativement stable entre 60 à 70 dollars le baril de Brent – une des références mondiales –, et c'est probablement ce qui fait aussi qu'ils ne reflètent pas correctement l'équilibre entre l'offre et la demande.
Tant que la Chine achètera beaucoup, elle absorbera une partie de l'excédent mondial, comme le relève Javier Blas, éditorialiste de l'agence Bloomberg, ce qui jouera contre un effondrement des prix. Tant que la production de la Russie et de l'Iran ne sera pas revenue en grâce sur le marché et ne sera pas commercialisée au grand jour, l'impression de manque soutiendra également les prix.
Plus que jamais, le marché manque de lisibilité, reconnaît Charles Thiémélé, tout en rappelant que les prix du pétrole sont le fruit de la combinaison de nombreux facteurs et qu'ils « restent liés à la perception que le marché a de la consommation future ».
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