Cacao: la tendance au surplus se confirme
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Les chiffres de la dernière campagne viennent de le confirmer en cette fin 2021 : les stocks de cacao grossissent d’année en année. Problème : ce n’est pas bon pour les prix.

On ne manquera pas de chocolat, ni à Noël, ni à Pâques, c’est une certitude. La tendance au surplus se confirme : il y a aujourd’hui quatre mois de stocks de cacao dans le monde. Que ce soit dans les pays d’origine comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, ou dans les pays de transit. En Europe, à Amsterdam, Anvers ou Hambourg, plus d’un million de tonnes de poudre, beurre et pâte de cacao sont entreposées en attendant d’être achetées par les entreprises de transformation ailleurs sur le continent. Il y a aussi du stock sur l’eau : 100 000 tonnes de fèves en cours d'acheminement flottent sur les océans.
Il y a trois ans, les stocks mondiaux étaient d’environ 1,7 million de tonnes. Ils sont aujourd’hui d’1,9 million de tonnes. Ces réserves s’expliquent par la tendance actuelle des acheteurs à grouper les commandes pour diminuer les prix, y compris celui du fret : celui qui a les moyens remplit trois bateaux au lieu de deux par exemple. Et cela n’est pas seulement un réflexe d’Européen, les Asiatiques aussi – notamment l’Indonésie et la Malaisie qui sont les plus gros broyeurs – achètent beaucoup pour pallier toute rupture d’approvisionnement.
L’abondance de l’offre a fait s’effondrer les prix en 30 ans
Derrière ces stocks se cache une production qui ne cesse d’augmenter. « On paye aujourd’hui les grands efforts d’extension des plantations commencés il y a quinze ans », déplore Michel Arrion, directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (l’ICCO). Une extension de surface très marquée en Côte d’Ivoire, le numéro un mondial, où les forêts classées sont aujourd’hui en parties saccagées, alors qu’au Ghana, la production a augmenté grâce à un soutien accru aux techniques de culture et à la distribution d’engrais. Sur les cinquante dernières années, trente étaient en excédent ! Le surplus est devenu structurel et a fait inévitablement s’effondrer le prix du cacao ces trente dernières années. Depuis 1980, la tonne est passée de 8 000 à 2 000 dollars. Certains experts en viennent à espérer secrètement une prochaine campagne moins bonne que la dernière.
Mais produire moins, pour réduire le surplus, est un discours difficilement audible pour nombre d’acteurs de la filière qui affichent avant tout leur ambition de produire toujours plus. L’ICCO confie d’ailleurs ne pas réussir à mettre à l’agenda des discussions sérieuses sur la gestion de l’offre. Alors même que seule une réflexion sur l’offre et la demande ferait remonter les prix et permettrait indirectement de promouvoir un cacao plus responsable.
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