Chronique des matières premières

Fraises de Gaza: le casse-tête des producteurs

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Selon les prévisions, la production de fraises de Gaza cette année avoisinerait les 9 000 tonnes. Mais ces projections sont un peu trop optimistes, selon les professionnels du secteur, car le marché doit surmonter de nombreux obstacles et notamment le blocus israélo-égyptien.

Des ouvriers agricoles travaillent dans un champ de fraises, dans la bande de Gaza.
Des ouvriers agricoles travaillent dans un champ de fraises, dans la bande de Gaza. Getty Images/The Christian Science Monitor/Ilene R. Prusher
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De notre correspondant à Jérusalem,

Sa couleur rouge vif donne le top départ. Chaque année au mois de décembre, il est temps de récolter les fraises. Mais que faire de la production ? La consommer localement ? Certainement ! Mais le marché gazaoui, bien que très friand de ce fruit qui fait la fierté de l’enclave palestinienne, ne parvient même pas à absorber un dixième de la production.  

Il faut donc commercialiser ailleurs. Et c’est là que commence le casse-tête, pour les producteurs de fraises de Gaza. L’enclave palestinienne subit depuis 2007 un double blocus israélo-égyptien. L’unique porte de sortie de la production agricole de Gaza se trouve à sa frontière avec l’État hébreu. 

Tout dépend donc du bon vouloir du voisin israélien, qui n’autorise que deux débouchés : les territoires palestiniens de Cisjordanie occupée, ou l’étranger, et plus particulièrement l’Europe. 

La fraise de la discorde 

En Cisjordanie occupée, les fraises de Gaza sont en concurrence directe avec les fraises israéliennes. Le plus souvent, et en fonction du contexte politique, l’État hébreu préfère avantager ses propres producteurs. À ce moment-là, « seuls 400 kg de fraises gazaouies peuvent quitter l’enclave palestinienne chaque semaine », regrette Mohamed Bakri, le directeur du comité agricole de Gaza.  

Mais cette année, Israël a décidé de laisser passer vers la Cisjordanie 200 tonnes de fraises par semaine. Une décision qui réjouit les professionnels du secteur. 

Car quasiment tous se montrent très frileux à l’idée d’envoyer leur production en Europe. Cette option est très coûteuse. Encore une fois, c’est Israël qui contrôle le stockage et la gestion du fret aérien. Une logistique aux tarifs prohibitifs. Par avion, il faut débourser 800 dollars par tonne transportée. Rares sont les producteurs gazaouis à en avoir les moyens.

S’adapter pour survivre 

Ces agriculteurs doivent en plus surmonter un autre défi de taille : le manque d’eau dans l’enclave palestinienne. Là aussi, Israël contrôle les ressources hydrauliques de Gaza. Et selon eux, le réchauffement climatique et le manque de pluie accentuent le problème. 

En 2017, certains producteurs gazaouis se sont donc lancés dans la culture hydroponique. Des fraises hors sol, qui reçoivent la juste quantité de sels minéraux et de nutriments. Mais cette technique nécessite d’importants investissements. Au moins 17 000 dollars pour une exploitation viable.     

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