Chronique des matières premières

L’Afrique du Sud protège ses volailles de la concurrence

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L’Afrique du Sud impose de nouvelles taxes à l’importation pour la volaille en provenance de plusieurs pays : objectif protéger sa filière contre les prix cassés de ses plus gros fournisseurs étrangers.

Comme d’autres pays émergents, l’Afrique du Sud cherche depuis des années un point d’équilibre entre le développement de sa filière viande et la satisfaction du consommateur.
Comme d’autres pays émergents, l’Afrique du Sud cherche depuis des années un point d’équilibre entre le développement de sa filière viande et la satisfaction du consommateur. © Scott Olson/Getty Images
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Ces nouvelles taxes devraient être en vigueur jusqu’en juin. Elles visent la volaille non désossée importée du Brésil, d’Espagne, de Pologne, d’Irlande et du Danemark. Le Brésil, premier fournisseur de l’Afrique du Sud en volaille à bas prix, se voit d’ailleurs infliger des taxes de 265 %, celles imposées aux pays européens visés sont conséquentes, mais plus faibles. 

Ce n’est pas la première fois que l’Afrique du Sud joue sur les taxes pour répondre à l’inquiétude de son industrie locale. En 2016 déjà elle avait imposé de tels droits de douane à d’autres exportateurs européens. En 2020 elle s’en était pris à son deuxième fournisseur, les États-Unis avec là aussi des taxes qui avaient doublé ou triplé selon les morceaux de volaille, avec os ou sans os. Conséquence de ces taxations répétées, depuis 2016 les importations européennes ont chuté. De 280 000 tonnes, elles sont passées à 40 000 tonnes en 2021. 

Une filière viande moderne, mais pas assez performante  

Comme d’autres pays émergents, l’Afrique du Sud cherche depuis des années un point d’équilibre entre le développement de sa filière viande et la satisfaction du consommateur. Car si elle dispose des élevages de volaille les plus modernes du continent, l’industrie sud-africaine n’est pas encore assez mature, explique Jean-Paul Simier, économiste spécialiste des marchés agricoles et collaborateur du rapport Cyclope, la bible française des matières premières, pour répondre à la demande qui ne cesse de croître, et pour résister au prix de la viande importée.

À un ou deux euros le kilo, le poulet importé occulte forcément la production locale vendue à 4 ou 5 euros. Les exportateurs expédient les morceaux non consommés sur leur territoire, leurs coûts de production ont déjà été amortis, ils peuvent donc vendre à un prix symbolique. « Ils exportent un co-produit qui ne vaut rien et peuvent donc le vendre à un prix symbolique », résume notre expert. 

Le consommateur risque de souffrir quelques mois 

Le nouveau serrage de vis décidé par les autorités va redonner de l’air à la volaille locale, mais affecter les importateurs locaux qui vont devoir baisser leur marge, et surtout le consommateur. C’est ce qui explique que la mesure ne devrait être que temporaire. 

L’Afrique du Sud n’est pas seule, d’autres pays comme le Ghana par exemple sont confrontés au même casse-tête, le poulet européen congelé y est trois fois moins cher que le poulet local, faute de performance suffisante de la filière viande. 

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