Chronique des matières premières

Covid, guerre en Ukraine... La Chine cherche à devenir indépendante en matière de semences

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La Chine élargit sa liste de semences autorisées par l’État. L’annonce du ministère chinois de l’Agriculture vise à réduire la dépendance aux importations, dans un contexte alimentaire incertain avec la résurgence Covid et la guerre en Ukraine. 

Le développement des semenciers nationaux est un élément essentiel à l’augmentation de la production céréalière et une étape obligée vers l’autosuffisance.
Le développement des semenciers nationaux est un élément essentiel à l’augmentation de la production céréalière et une étape obligée vers l’autosuffisance. © AFP/STR
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C’est le maillon faible de la chaîne alimentaire en Chine. Pour les experts comme pour les décideurs chinois, le développement des semenciers nationaux est un élément essentiel à l’augmentation de la production céréalière et une étape obligée vers l’autosuffisance. La guerre en Ukraine et la résurgence Covid ont sonné l’alarme chez les dirigeants chinois, à commencer par le chef de l’État.

« Ce n’est qu’en tenant les graines chinoises dans nos propres mains que nous pourrons stabiliser le bol des Chinois et atteindre la sécurité alimentaire », a déclaré Xi Jinping au début du mois. La pandémie de Covid a bouleversé les chaînes d’approvisionnement mondiales, même chose pour la guerre en Ukraine. Or la Chine dépend encore largement des semences étrangères pour de nombreux légumes, les épinards, le chou-fleur et les carottes notamment, même chose pour le maïs. D’où cette décision d’élargir la liste de base des sélectionneurs et producteurs de semences parrainées par l’état.

Course contre la montre

L’annonce du ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales est une première depuis neuf ans, le gouvernement central espère que cette base nationale élargie fournira plus de 80 % des graines nécessaires à la production agricole d’ici à 2025, contre 70 % avant la pandémie. « Il s’agit d’une mesure concrète pour revitaliser le secteur », a affirmé Li Guoxiang dans des propos rapportés par le South China Morning Post. « Les ressources agricoles chinoises sont limitées, ajoute cet expert au sein de l’institut de développement rural au sein de l’Académie des sciences sociales, le seul domaine qui peut se développer est celui des semences. »

Le dire, c’est le faire en Chine, sauf que cela peut prendre du temps. « Il faut dix ans pour élever une nouvelle espèce de trèfle, 7 ou 8 ans pour l’avoine (deux composants essentiels de l’alimentation du bétail, ndlr) », confie Yang Hongshan, expert à l’institut de l’élevage de Lanzhou de l’Académie chinoise des sciences agricoles cité par le Global Times et la Chine importe plus de 1,3 million de tonnes de trèfles chaque année.

Sélectionner de meilleures semences passe par la recherche et développement ; elle passe aussi par l’espace. L’équipage de la mission spatiale Shenzhou 13 est revenu sur terre le 16 avril dernier, avec dans ses bagages des semences de trèfles justement, d’avoine, de riz, de champignons et de chou. « Les graines étant aussi importantes que les puces dans l’industrie des semi-conducteurs », rappelait ces derniers jours un professeur de l’université agricole de Chine.

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