Chronique des matières premières

Céréales d'Ukraine: le défi logistique des exportations

Publié le :

La Commission européenne a décidé d’aider les céréales ukrainiennes à être exportées. Le défi logistique est immense tout autant que l’enjeu de sécurité alimentaire qui va avec.

Un cargo transportant du maïs en provenance d'Ukraine, chargé dans le port de Constanta, en Roumanie, le 28 avril 2022.
Un cargo transportant du maïs en provenance d'Ukraine, chargé dans le port de Constanta, en Roumanie, le 28 avril 2022. © INQUAM PHOTOS via REUTERS/Daniel Stoenciu
Publicité

Les exportations de céréales ukrainiennes n’ont jamais été interrompues. Les derniers chiffres le prouvent : du 1er au 10 mai, les expéditions ont atteint environ 132 000 tonnes, dont 121 de maïs, sept d’orge et quatre de blé. Mais les échanges se font au rythme imposé par la guerre : l’Ukraine exporte une moyenne de 1 million de tonnes par mois, contre six en temps normal.

L’explication est essentiellement logistique : les ports ukrainiens de la mer Noire sont devenus impraticables. Le trafic passe aujourd’hui essentiellement par le port de Constanta, en Roumanie. Les céréales y arrivent par train, camion ou par barge via les ports du Danube de l’extrême sud-ouest de l’Ukraine. Il faut une cinquantaine de trains pour remplir un navire de 70 000 tonnes, les opérations sont donc longues et le trafic arrive à saturation dans le port roumain.

► À lire aussi : Guerre en Ukraine: tension sur le marché des semences

Les exportations par train, un casse-tête technique

Parmi les autres solutions alternatives, il y a aussi les ports de la mer Baltique. Notamment ceux de Pologne et de Lituanie. Mais pour transiter par ces pays, l’obstacle est technique : l’écartement des rails n’y est pas le même qu’en Ukraine, il faut donc transborder les chargements dans des camions ou des wagons homologués, ou encore changer les essieux de ceux qui ne le sont pas.

Pour ces raisons, plusieurs milliers de wagons sont actuellement bloqués à la frontière polonaise. Le temps moyen d’attente est estimé à 16 jours. Le rythme actuel des exportations n’est donc pas suffisant pour évacuer la vingtaine de millions de tonnes de céréales encore stockées, selon les chiffres de l’UE.

► À lire aussi : L'Ukraine, un monstre agricole aux portes de l'UE

L’Europe mobilise ses wagons et ses silos

D’où le plan proposé par l’Union européenne qui repose essentiellement sur une plate-forme de mise en relation entre les entreprises de transport et les négociants pour mieux gérer l’offre et la demande. L’idée est aussi de mobiliser des capacités supplémentaires de grutage, mais aussi des péniches et des wagons.

La Commission européenne appelle aussi à identifier les capacités de stockages disponibles sur le sol européen, pour faire transiter les céréales avant leur exportation ailleurs dans le monde. L’enjeu est vital pour tous les pays qui dépendent des livraisons de l’Ukraine, mais aussi pour l’Ukraine, qui a besoin de devises et qui doit libérer ses silos pour faire de la place à la prochaine récolte.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes