Sarrasin: le manque de visibilité fait monter les prix
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La Russie exporte à elle seule un tiers du sarrasin consommé au monde. Les professionnels et les industriels de la filière du blé noir s'inquiètent de ne pas réussir à s'approvisionner ou alors à des prix exorbitants. Crainte partagée notamment par les crêpiers bretons.

La Russie est le premier producteur mondial, mais aussi un acteur majeur du commerce international du blé noir, une plante qui n’est pas une céréale, contrairement à ce que laisse penser son nom, mais dont on peut faire de la farine, et que l’on retrouve aussi bien dans les nouilles soba en Asie, que dans les porridges et les soupes des pays de l’Est ou encore dans les galettes bretonnes en France.
En 2021, les exportations de sarrasin russe vers l’Europe ont augmenté de 24 % par rapport à 2020. Mais depuis deux mois, le commerce du sarrasin est entré dans une zone de turbulence. Moscou n’a pas annoncé officiellement de restriction à l’exportation, mais on sait que le sarrasin est la denrée que provisionnent les Russes en période de crise. Les exportations russes dépendront donc cette année plus que jamais du volume de la production. Mais les projections s’annoncent difficiles, les autorités russes ayant décidé de moins communiquer sur leurs exportations agricoles.
Le prix du sarrasin français a doublé en deux ans
En quantité, le sarrasin est un tout petit marché mondial, un peu plus de 1,8 million tonnes en 2020, selon les chiffres de la FAO, alors le manque de visibilité à ce jour sur la stratégie du premier exportateur – qui s’ajoute à une dernière campagne mauvaise en Europe de l’Est à cause des intempéries –, contribue à faire monter un peu plus les prix.
D’autant qu’en raison des coûts du fret maritime, le sarrasin chinois est devenu aussi cher que le blé noir français qui a lui augmenté de 100 % en moins de deux ans, explique Johann Bazin, gérant de la Crêperie de Guerlédan, qui traite 500 tonnes de sarrasin par an. Un professionnel français doit ainsi aujourd’hui débourser entre 1 600 et 1 800 euros la tonne s’il souhaite acheter du sarrasin, en dehors des contrats annuels souscrits.
Crainte de voir les agriculteurs se détourner du blé noir
Face au déséquilibre entre l’offre et la demande qui risque de s’accentuer, la filière française se mobilise et appelle les agriculteurs à augmenter leur surface de culture. La crainte, c'est qu’ils cèdent à la tentation de produire plus de blé ou de colza, dont les cours atteignent des sommets.
Les prix du sarrasin sont traditionnellement beaucoup plus élevés à la tonne, mais le rendement est beaucoup plus faible et la culture plus aléatoire. En revanche, le blé noir pousse sans engrais, un argument qui pourrait jouer au vu des prix actuels des intrants.
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