Baisse du prix des métaux industriels: l’ombre de la Chine
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Cuivre, zinc, aluminium... Le prix de plusieurs métaux industriels se détend depuis deux mois. L’effritement de la demande chinoise n’y est pas pour rien.

Le cuivre et l’aluminium ont perdu la totalité de leurs gains engrangés depuis le début de l’année. Même tendance du côté du nickel ou encore du zinc qui a chuté de 1 000 dollars en un mois. L’aluminium et l’étain ont perdu quant à eux plus de 1 000 dollars en deux mois.
Les niveaux de prix restent historiquement élevés, au-dessus des dix dernières années, mais le « pic d’angoisse » selon la formulation d’un expert début mars après le début de l’offensive russe en Ukraine est derrière. « On assiste à une sorte de respiration », explique notre interlocuteur, « sur fond d’inquiétudes liées à la croissance chinoise ».
Par anticipation d’une baisse de la demande, les prix se replient
« La croissance chinoise est toujours le premier facteur qui explique les tendances fondamentales du marché, et les anticipations qui s’y expriment » explique Yves Jegourel, professeur du conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire « économie des matières premières ». Quand la Chine achète des céréales à tout va, ou quand elle réduit sa consommation de métaux, c’est elle qui guide le marché. Et c’est encore le constat aujourd’hui. En raison d’un rebond de contamination et de mesures sanitaires drastiques, l’activité industrielle chinoise marque le pas. Le marché anticipe une moindre demande en métaux. Et les prix se replient. Mais il n’y a pas d’inversion de tendance pour autant, estime l’économiste qui parle plutôt de « correction » des prix.
Les plus gros fournisseurs de la Chine sont aussi les plus vulnérables
Cette crainte d’une baisse de la demande concerne en particulier les pays qui exportent majoritairement vers l’Empire du Milieu et qui sont donc très sensibles au ralentissement chinois. C’est le cas notamment de la République démocratique du Congo, dont le cuivre et le cobalt partent essentiellement en Chine, ou de la Guinée qui est le premier fournisseur de la Chine en bauxite, un minerai transformé en alumine puis en aluminium. Pour l'heure, les données douanières de mars ne reflètent pas de baisse des exportations d’or rouge guinéen vers la Chine : le pays a exporté plus en mars 2022 qu’en mars 2021. Mais le pays comme d’autres partenaires de la Chine n’est pas à l’abri d’un contrecoup.
« On est certain que la Chine va ralentir, mais on ne sait pas précisément comment cet impact va être reçu au vu de la nervosité des marchés », explique Jean-François Di Meglio, directeur de l’Asia Center. « Une réouverture d’un port chinois, ou l’annonce de mesures en faveur de la croissance chinoise peuvent suffire à faire réagir les marchés. »
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