Chronique des matières premières

L’Europe lève les taxes sur l'importation de volailles et d'œufs ukrainiens

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Depuis le 4 juin, les droits de douane européens sur la volaille d’Ukraine ont été levés. Ce soutien à l’économie ukrainienne ne fait pas que des heureux.

Des œufs (image d'illustration).
Des œufs (image d'illustration). REUTERS/Francois Lenoir
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Un filet de poulet sur quatre consommé en Europe n’est pas européen : mais brésilien, thaïlandais ou encore ukrainien. L’Ukraine fournit environ 15% de la volaille consommée sur le territoire des 27. Une viande qui bénéficie depuis début juin d’une exemption de droits de douane. Une « libéralisation temporaire », selon les termes de la décision, en soutien à l'économie du pays.

La volaille ukrainienne était déjà plus compétitive

Au vu des difficultés logistiques imposées par la guerre, le poulet ukrainien ne devrait pas inonder les magasins européens dans les jours qui viennent. Mais cette mesure constitue, de fait, une facilité à l'export. Et c’est ce qui inquiète les producteurs de volaille. Avec cette décision, difficile d'être plus compétitif qu'un producteur ukrainien : la production locale se fait déjà à moindre coût. Elle est majoritairement chapeautée par un grand groupe agro-industriel (MHP) qui dispose de fermes gigantesques, et qui maîtrise toute la chaîne, de la production de grains à la découpe de la viande.

Un filet de poulet ukrainien coûte deux fois moins cher qu’un filet français à produire, mais « il ne respecte pas les mêmes normes sanitaires », déplore l’interprofession française de la volaille (ANVOL).

Les ovoproduits ukrainiens issus d’élevages moins exigeants

La levée des droits européens à l'importation concerne aussi les œufs et les ovoproduits, c'est-à-dire les œufs sous forme liquide ou en poudre, utilisés par les restaurateurs et les industriels. L'Ukraine est le deuxième fournisseur de l'Union européenne - avec en 2021, 8 000 tonnes d'œufs coquilles et 7 300 tonnes d'ovoproduits. Difficile de dire à ce stade si la décision de Bruxelles va augmenter les flux commerciaux, mais l'interprofession française de l’œuf (CNPO) se dit préoccupée, « sur le principe » par le mode de production des ovoproduits ukrainiens. Si les œufs coquilles importés en Europe ont l'obligation d'être issus de poules élevées dans des cages aménagées, comme l’impose la réglementation européenne depuis 2012, les ovoproduits – eux – ne sont pas soumis aux mêmes restrictions. Ils peuvent donc provenir d'élevage en batteries, qui réduisent les coûts et qui rendent les ovoproduits encore plus compétitifs.

L'intégralité de notre suivi quotidien et en direct de la guerre en Ukraine.
L'intégralité de notre suivi quotidien et en direct de la guerre en Ukraine. © Studio graphique FMM

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