Chronique des matières premières

Viande rouge: la demande fait flamber les prix

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Les importateurs de viande rouge sont de plus en plus nombreux, alors que les exportateurs tirent la langue et peinent à suivre. Sur le marché, cela donne inévitablement des prix de plus en plus élevés.

Un élevage de bovins en Turquie. L'inflation a fait considérablement augmenter le prix des aliments pour les élevages, ce qui décourage de nombreux agriculteurs.
Un élevage de bovins en Turquie. L'inflation a fait considérablement augmenter le prix des aliments pour les élevages, ce qui décourage de nombreux agriculteurs. © Getty Images / 123ducu
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Du bœuf australien plus cher que du bœuf européen ! C'est du jamais-vu sur le marché ! Cette hausse inédite traduit l'évolution des prix mondiaux tirés par des coûts de production qui ne cessent de grimper, et une offre qui stagne.

C'est depuis 2020 que les prix de la viande bovine ont déraillé. La guerre en Ukraine n'a fait que renforcer la hausse provoquée par les bouleversements liés aux confinements successifs. « Elle n'a fait qu'ajouter un point sur le i de pandémie et sur le i de pénurie », insiste Philippe Chotteau, chef du département Économie à l'Institut de l'élevage.

Pour ne citer qu'un seul exemple, en France, les coûts de production de la viande bovine ont augmenté de 22 % en un an. Notamment à cause des prix du carburant pour récolter le fourrage, des prix des engrais azotés, ou encore des prix du petit matériel d'élevage qui s'achète 25 % plus cher. Que ce soit en Europe, au Brésil, en Argentine, aux États-Unis, les prix à la production ont tous suivi une courbe ascendante ces 12 derniers mois. L'Australie est cependant le pays qui connaît la plus forte augmentation. Le prix du bouvillon australien (jeune bœuf) atteint un record absolu à 5,5 euros le kilo à l'export, alors qu'il était à moins de 3 euros le kilo en janvier 2020.

Les importations freinées par l’offre insuffisante

Ces perturbations du marché s'ajoute à un contexte qui était déjà porteur de prix à la hausse : cela fait trois ans que la production de viande bovine n'augmente plus. En grande partie à cause des aléas climatiques qui ont affecté les zones de production de pâturages, que ce soit en Australie, au Canada, en Uruguay, au Paraguay ou encore au Brésil. « Il ne se passe pas un an sans qu'un événement climatique majeur affecte un des grands exportateurs », explique Philippe Chotteau.

Or en face, le nombre d'importateurs ne fait que grandir, avec une Chine qui est encore une fois l'épicentre du marché puisqu'elle réalise plus du tiers des achats mondiaux de viande bovine.

Le manque structurel sur le marché des bovins est donc parti pour durer à en croire les experts de la filière, à l'image du marché des ovins. Un marché déficitaire depuis 5/6 ans, avec la Nouvelle-Zélande et l'Australie, les deux gros exportateurs de moutons et d'agneaux, qui n'arrivent plus à répondre à la demande.

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