Chronique des matières premières

Production de café au Brésil: le défi des statistiques

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Depuis plusieurs années, les chiffres de la production de café au Brésil ne reflètent pas la réalité. C'est ce que vient de reconnaître le premier producteur mondial et premier exportateur de café. Un décalage avec la réalité qui complique la visibilité des acheteurs sur le marché.

Grains de café brésilien en train de sécher à Rio de Janeiro, le 4 décembre 2015.
Grains de café brésilien en train de sécher à Rio de Janeiro, le 4 décembre 2015. CHRISTOPHE SIMON / AFP
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La fiabilité des statistiques de production de café au Brésil est questionnée depuis des années par la filière café, les aveux de la compagnie nationale d'approvisionnement (Conab) ne sont donc pas une surprise, confie un acheteur. Concrètement, depuis 2017, selon l'agence Reuters qui a compilé les données brésiliennes, la production affichée par l'agence publique de statistiques est en décalage avec les données d'exportations – fournies par Cecafé, le conseil des exportateurs brésiliens de café – et les données sur la consommation locale, fournies par les industriels regroupés au sein de l'Abic.

L’inconnue des stocks

Chaque année, la différence est de plusieurs millions de sacs, parfois en négatif, parfois en positif. Difficile de dire si la réponse se trouve dans les stocks qui ne sont pas comptabilisés. La Conab a arrêté de les publier. Comme dans beaucoup de pays, le nombre d'entrepôts de stockage est tel qu'il rend leur recensement compliqué. La Conab admet dans tous les cas avoir des difficultés à produire des estimations fiables et dit être en train de revoir sa méthodologie pour mieux estimer les récoltes de café, notamment grâce à du recrutement de personnel et à l'utilisation de données satellites.

Négociants, importateurs et analystes de marché ont pris l'habitude de composer avec des statistiques brésiliennes souvent plus basses que celles des autres structures privées ou publiques qui publient des chiffres.

Le grand écart entre statistiques publiques et privées

Pour la campagne 2022-2023, par exemple, l'estimation de la production de café va de 50 millions de sacs, selon les chiffres de l'agence brésilienne, à 64 millions environ, selon le ministère américain de l'Agriculture, et Rabobank. « La différence est énorme, surtout dans un marché qui n'accepte pas de déficit en ce moment », explique notre interlocuteur.

Si les chiffres de production ne font pas tout, ils donnent a minima une tendance de prix. Si le Brésil produit demain 58 millions de sacs, « on sait qu'il n'y aura pas assez de café et les prix seront tirés vers le haut, si la production tourne autour de 64 millions de sacs, les prix pourront se détendre », résume notre importateur.

Sur d'autres pays que le Brésil, les écarts d'estimation sont mieux gérés, mais le volume de la production brésilienne fait que ces écarts sont plus grands et qu'ils ont plus d'impact sur le marché.

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