Un observatoire pour sécuriser les approvisionnements de l'industrie française
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L'Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi) a été lancé ce lundi 28 novembre à Paris. Une structure qui devrait, à terme, aider les industriels à mieux sécuriser leur approvisionnement en métaux critiques.

Le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont révélé la complexité des chaînes d'approvisionnement en métaux critiques, et la grande vulnérabilité des États et des industriels. Le lithium fait 50 000 km avant d'arriver dans une batterie française. Mais qui le sait aujourd'hui ? Les industriels français ont une très mauvaise conscience de leur chaîne de valeur, reconnaît l'un d'eux.
« L'histoire s'accélère et on s'aperçoit qu'on a beaucoup de mal à anticiper les crises », reconnaît Christophe Poinssot, directeur général délégué du BRGM (Bureau de recherche géologique et minière). Un état de fait lié notamment à une « très mauvaise compréhension des métiers de la mine et à une certaine naïveté française face au marché mondial », confie un industriel.
D'où viennent nos matières premières ? Sont-elles à risque ? Est-on en train de créer des dépendances dangereuses pour l'industrie et la souveraineté française ? L'Europe qui importe entre 70% et 100% de ses métaux est donc concernée au premier chef par ces questions.
L’Ofremi pour se projeter à long terme
Après l'Allemagne il y a dix ans, la France a jeté les bases de son Observatoire des ressources minérales pour les filières industrielles. L'Ofremi ne réduira pas demain la vulnérabilité de l'Hexagone, mais après-demain peut-être. Car il s'agit de se projeter, explique Stéphane Bourg, le directeur de la nouvelle structure, beaucoup plus que ne le font traditionnellement les européens.
La Chine l'a compris, et avance avec des objectifs pour 2049. Avec sa vision à long terme, elle a investi tous les champs miniers, de la production au raffinage, pour garantir sa sécurité industrielle. Pour ne citer qu'un exemple, plus de 90% des projets de raffinage de nickel en Indonésie sont chinois.
Dans ce contexte de forte tension des marchés, l'objectif du nouvel Observatoire va être de répondre à la demande des industriels sur le titane, le cuivre ou encore le lithium, et de leur fournir une information à 360 degrés, qui traite aussi bien de l'offre mondiale que de la demande, étroitement liée aux évolutions technologiques, tout en prenant en compte les risques géopolitiques ou environnementaux pour la matière concernée.
Une coordination inédite au service de « l’intelligence minérale »
Pour faire cette veille stratégique, économique et technique, l'Ofremi fonctionnera avec plus d’une vingtaine d'experts issus de six établissements partenaires – BRGM, CEA (le Commissariat à l'énergie atomique) IFPEN (l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles) l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), l'Ifri (l'Institut français des relations internationales), et le Cnam (le Conservatoire national des arts et métiers).
« L'Ofremi est là pour éclairer nos dépendances et faire d'éventuelles recommandations », résume Christel Bories, la PDG du groupe minier français Eramet. La stratégie d'investissement reviendra toujours aux industriels et aux États.
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