Matières premières critiques: l’Europe cherche à réduire ses dépendances
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L’Union européenne a présenté hier un projet de règlement relatif aux matières premières critiques. Objectif : extraire plus de minerais sur le sol européen et relancer l'industrie du raffinage pour sécuriser les approvisionnements de l'UE.

Échaudée par sa dépendance extrême à la Russie pour son approvisionnement en énergie fossile, l'Union européenne veut éviter demain de reproduire le même scénario avec une crise du cobalt, du nickel ou encore du lithium. « La sécurité, sans ces matières premières critiques, n’existe plus à l’heure du changement climatique. Nous en avons besoin comme nous avons besoin d’hôpitaux et d’écoles », expliquent plusieurs députés européens signataires d’une tribune dans Le Monde mercredi 14 mars.
La présidente de la Commission européenne a partagé ses préoccupations avec Joe Biden, la semaine dernière. Américains et Européens ont annoncé vouloir chercher ensemble à réduire leur dépendance à la Chine, en développant des chaînes d'approvisionnement avec leurs « partenaires de confiance ».
10 % de minerais européens
À titre d’exemple, l'UE importe actuellement plus de 90 % de sa consommation de magnésium et 86 % de ses besoins en terres rares de Chine, selon Christian Hocquard co-auteur du livre Objectif Lithium. Pour 14 des 27 substances critiques actuellement identifiées, elle dépend à 100 % de fournisseurs qui ne sont pas européens, selon l'Institut allemand de recherche économique.
L’Objectif du nouveau cadre, présenté hier, est que d'ici à 2030, 10% des matières premières critiques soient extraites sur le sol européen, un objectif réaliste selon l’expert Didier Julienne, président de Commodities & Resources qui estime que l’Europe pourrait même faire mieux, « car elle dispose les gisements de métaux critiques exploitables nécessaires ». Les Européens ne veulent par ailleurs plus dépendre à 80 ou 90 % d’un pays tiers pour une matière première stratégique. Ils se fixent un seuil de dépendance à un pays de 65 % maximum.
Raffiner et recycler plus en Europe
L’autre défi industriel majeur est celui de la transformation : 40 % des matières premières critiques devront être raffinées dans des usines européennes, d'ici à 2030, et 15 % être issues du recyclage.
L’Union européenne prévoit de simplifier et d’accélérer les procédures d’octroi de permis pour les implantations industrielles. Mais aussi de simplifier les procédures pour les projets d’extraction.
Cette nouvelle dynamique européenne semble avoir pris corps déjà dans plusieurs pays de l’Union. Les projets de prospection ou de mise en production de gisement se multiplient, que ce soit en France pour le lithium ou en Finlande pour le cobalt et pour d’autres minerais nécessaires à la fabrication des batteries électriques.
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