Face aux sanctions du G7, le diamant russe insaisissable
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Le diamant est l'une des rares matières premières russes qui n'a pas fait l'objet de sanctions internationales. Et il n'a pas à craindre le G7, puisqu'il devrait encore une fois passer entre les mailles du filet.
Après avoir échappé aux sanctions européennes, les diamants russes devraient sortir indemnes du sommet du G7. Le projet de résolution finale rappelle bien la nécessité de réduire les revenus que tire la Russie des exportations de diamants, mais reste très tiède sur le fond : les pays ne s'engagent pour l'heure qu'à continuer à travailler ensemble pour aboutir « à des mesures restrictives coordonnées », selon la déclaration annexe au communiqué du G7 consacrée à l'Ukraine.
Les Américains à la manœuvre
Est-ce parce que les solutions miracle à court terme n'existent pas pour ce secteur, comme l'explique un expert français en minerais ? Ou parce que les États-Unis ne sont pas pressés de voir se concrétiser un embargo, comme le souffle un diplomate européen ? Alors qu'ils affichaient encore le 7 mars lors d'une réunion avec la direction européenne du Commerce leur volonté de limiter les flux financiers russes issus du commerce du diamant.
Premiers, il y a un an, à opter pour des sanctions contre Sergueï Ivanov, le patron russe d'Alrosa aujourd'hui démissionnaire, et contre l'importation de diamants russes, les Américains ont habilement ménagé leur filière en autorisant les importations de tous les diamants « substantiellement transformés dans des pays tiers », c'est-à-dire l'essentiel des pierres, puisque la majorité sont taillées en Inde.
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Un problème de traçabilité ?
La position européenne n'est peut-être pas pour rien non plus dans la lenteur constatée vers un processus de sanction. Farouchement opposés pour préserver la place économique d'Anvers, les Européens affichent aujourd'hui une volonté de faire bouger les lignes, à conditions qu'une décision soit internationale et pas seulement européenne. Mais jusqu'où sont-ils réellement moteurs ?
De fait, les annonces de bonnes intentions n'ont toujours pas abouti. La raison est peut-être à chercher aussi du côté de la technique : prendre des sanctions sans mesure de traçabilité efficace n'a pas de sens, explique un industriel. Et pour l'heure, les annonces de la société suisse Spacecode, qui assure avoir mis au point une technologie capable de certifier l'origine d'une pierre, n'a pas encore suffi à rassurer.
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