Chronique des matières premières

Le Pérou craint pour ses anchois, sous la menace d'El Niño

Publié le :

L'anchois péruvien est incontournable dans l'industrie de l'huile et de la farine de poisson. Mais l'arrivée de la perturbation climatique El Niño pourrait avoir un impact sur le marché. Inquiet pour sa ressource, le Pérou vient de suspendre l'ouverture de la première campagne de pêche de l'année.

L'anchois a besoin d'eaux côtières froides pour se développer.
L'anchois a besoin d'eaux côtières froides pour se développer. © CC0 Pixabay / Sezer Bulut
Publicité

La première campagne de pêche à l’anchois qui s’ouvre d’ordinaire en avril-mai, au nord du Pérou, n’aura peut-être cette année tout simplement pas lieu. Les pêches exploratoires successives ont montré une trop forte présence de juvéniles, c’est-à-dire de jeunes anchois de moins de 12 cm. Les autorités ont donc tranché la semaine dernière, il n’y aura pas de pêche jusqu’à nouvel ordre, et peut-être même jusqu’à la prochaine saison qui débute à l’automne.

À ce stade, les prévisions restent hasardeuses, car personne ne sait dire à quel point le cycle des anchois est perturbé ni quel sera l’impact du phénomène El Niño.

Une production en baisse pour 2023

L’anchois a besoin d’eaux côtières froides pour se développer. Quand la température devient trop élevée, il ne peut survivre que s’il trouve une zone refuge, sinon il disparaît. Une eau trop chaude limite aussi la remontée des nutriments tels que le zooplancton et les petites crevettes et affecte la concentration en Oméga-3 de l’anchois. De la simple baisse de production à une mortalité massive de sa population d’anchois, le Pérou n’a jamais été épargné par El Niño.

En l’absence de la première campagne de pêche 2023, c’est déjà une certitude, la production d’anchois péruviens n’atteindra pas les 2,8 millions de tonnes de l’année dernière. Or la quasi-totalité de ces anchois est transformée en huile riche en Oméga-3 et en farine destinée aux élevages de poisson et d’animaux, un secteur mondial qui dépend à 20 % du Pérou. 

« La fin de l’eldorado péruvien de l’anchois »

L’IFFO (International Fishmeal and Fishoil Organisation) s’attend d’ores et déjà à une production mondiale plus faible, que l’année dernière. Ce qui devrait avoir un impact sur les prix. Les stocks de farine de poisson que possède la Chine, premier acheteur mondial, pourraient cependant limiter les tensions sur le marché, selon l’organisation qui représente les producteurs de farine et d’huile de poisson et leurs intérêts commerciaux.

À moyen et long terme, la filière doit se préparer à la « fin de l'eldorado péruvien de l'anchois », prévient Arnaud Bertrand, chercheur à l'IRD (Institut de recherche pour le développement) qui prévoit un effondrement de la population d'anchois au large du Pérou, sous la pression du changement climatique.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes