Chronique des matières premières

La Bourse des métaux de Londres devant la justice

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La Bourse des métaux de Londres est unique en son genre, et le procès qui s'est ouvert contre l'institution cette semaine fera peut-être date. Il porte sur la façon dont l'institution a géré une folle journée sur le marché du nickel il y a un peu plus d'un an.

L'issue du procès dira à quel point le fonctionnement de la Bourse aux métaux de Londres est remis en question.(image d'illustration).
L'issue du procès dira à quel point le fonctionnement de la Bourse aux métaux de Londres est remis en question.(image d'illustration). Fry Design Ltd via Getty Images
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Un opérateur d'une plateforme boursière a-t-il le droit d'annuler des transactions légitimes ? C'est la question qui est posée cette semaine devant la justice britannique.

Les plaignants qui attaquent la plus grande plateforme de négoce de métaux au monde estiment qu'elle a failli en annulant les transactions qui se sont déroulées entre le 7 et le 8  mars 2022 sur le marché du nickel.

« Un abus de pouvoir »

La tonne de « métal du diable » comme il est surnommé, était alors passée de 30 000 dollars à 100 000 dollars. Une hausse record des prix qui a conduit le London Metal Exchange à suspendre la cotation du nickel, et à annuler 12 milliards de dollars de transactions. « Il s'agissait d'opérations entre parties consentantes », s'indigne encore un an après un ancien trader qui résume : « Le LME propriété de la Bourse de Hong-Kong n'a fait que protéger un géant du nickel chinois, en lui évitant des milliards de dollars de perte. On a fermé le marché, on a changé les règles du jeu, c'est un abus de pouvoir inacceptable ».

De fait, cette crise du nickel a provoqué une pluie de réactions. L'autorité de régulation financière britannique s'est saisie de l'affaire. Et plusieurs investisseurs ont décidé d'attaquer en justice. La plainte de deux d'entre eux – Elliott Associates et Jane Street Global Trading – est jugée cette semaine. Ils plaident un manque à gagner du fait de l'annulation des transactions et réclament à eux deux 472 millions de dollars.

L'issue du procès dira à quel point le fonctionnement de la Bourse aux métaux de Londres est remis en question.

Écorné, le LME reste encore incontournable

L'institution, qui a toujours assuré avoir agi dans l'intérêt du marché, a, depuis les faits, proposé des réformes internes pour éviter qu'un nouvel emballement sur le marché ne se reproduise. Son seul avantage, commente Philippe Chalmin professeur émérite d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine PSL, c'est que l'on ne peut pas s'en passer : «Le LME reste le seul lieu aujourd'hui où se forme de manière crédible le prix des principaux métaux non ferreux ».

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