Chronique des matières premières

L'Europe croule sous les importations de volaille ukrainienne

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Il y a un an, l'Europe levait pour douze mois les droits de douane et les quotas d'importation sur la volaille ukrainienne. La mesure commerciale vient d'être reconduite pour un an, au grand désespoir de la filière française qui dénonce une concurrence déloyale et mortifère pour la souveraineté alimentaire.

Des poulets à l'air libre (image d'illustration).
Des poulets à l'air libre (image d'illustration). Getty Images - Anthony Lee
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Sur les 24 premières semaines de l'année 2023 les importations européennes de volailles en provenance d'Ukraine ont augmenté de 108%. Ce qui représente entre 15 et 20 000 tonnes de viande de volaille ukrainienne chaque mois. En un an, l'augmentation des importations est chiffrée à 240 % par la Fédération européenne industrielle de la volaille soit 218 000 tonnes contre 90 000 tonnes avant la mise en place de l'assouplissement de l'accord en soutien à l'économie ukrainienne en juin 2022.

Des prix européens sous pression

Ces volumes ne sont plus supportables pour l'interprofession française. Le poulet français est historiquement moins compétitif que les autres productions européennes et donc doublement vulnérable. Les filets de poulet ukrainiens sont deux à trois moins chers que les filets français standards, et au moins quatre fois moins cher que ceux de qualité label rouge, un label spécifiquement français. « Ces importations entrainent une vraie pression sur les prix et poussent les clients à ne pas acheter la production locale » explique Yann Nedelec, directeur de l'interprofession de la volaille de chair (ANVOL).

Ces derniers mois, la filière avait prévenu que prolonger ce qui était censé être une « libéralisation temporaire » du marché était une ligne rouge à ne pas franchir. D'autant qu'elle profite à un seul et même groupe volailler industriel, le géant MHP, « dont le siège est basé à Chypre » précise ANVOL dans son dernier communiqué.

Clause de sauvegarde

La filière demande donc à ce que les volumes importés d'Ukraine soient de nouveau limités, « pour stopper » une concurrence déloyale qui asphyxie le secteur. Ce qui passe concrètement par l'activation de la clause de sauvegarde qui figure dans l'accord. Un secteur qui doit déjà composer avec un nouvel accord conclu en fin d'année dernière entre l'UE et le Chili qui ouvre les portes à 18 000 tonnes de viande de poulet importées supplémentaires. Le tout dans un contexte où un autre accord de libre-échange avec le Mercosur est en négociation. Si celui-ci était conclu, 200 000 tonnes supplémentaires de poulet arriverait en Europe, sur un marché qui se dit déjà « inondé » par la volaille d'importation.

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